Artiste musicien haïtien, Jean Jean Roosevelt promeut la culture de sa terre de par le monde depuis les années 2000. Le citoyen du monde quarantenaire, estime que tout lieu où se trouvent les peuples noirs, il s’y sent chez lui. Plongeons au cœur de l’âme d’un artiste engagé, épris de la souveraineté des peuples noirs.
1- Jean Jean Roosevelt, vous êtes un artiste musicien et chanteur venu de Haïti, dont la musique n’a eu de cesse de conquérir les cœurs du monde entier depuis les années 2000. Qu’est-ce qui vous mène à la musique (instruments et chants) ?
JJR : La musique m’a vu naître. Je suis arrivé dans une famille musicienne mais personne n’a osé en faire carrière. Ma mère chantait et était directrice de chorale, je regardais mon père et mon grand frère jouer à la guitare, c’est de là que vient ma passion pour cet instrument. Le chant et les percussions étaient là de façon naturelle; il faut dire que mon grand père paternel était percussionniste dans les cérémonies traditionnelles vodou et culturelles. Ainsi je suis bercé et grandi dans cette atmosphère et la musique a pris place dans ma vie. C’est en 2007 que je me suis lancé et décide de faire carrière et depuis je fais de la musique à 200%
2- Les paroles de vos chansons, sonnent à chaque fois comme un cahier de rappel aux sources, rappel à la reconnexion. Pensez-vous que vos musiques, instruisent ceux qui l’écoutent sur la véritable histoire des peuples noirs?
JJR: Artiste et engagement marchent de paire; et c’était très important pour moi d’être engagé. On peut l’être sur différents sujets et à tous les aspects de la vie. Un artiste, c’est quelqu’un qui a la possibilité de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, autant utiliser son art à des fins utiles.
Je devrais retourner aux sources et j’y retourne à chaque fois pour mieux m’orienter. Et c’est primordial en tant qu’Haïtien de parler de l’histoire des noirs, de mon histoire, à travers mes chansons. On ne m’a pas laissé le choix.
C’est dommage qu’à notre ère certains rappels soient encore de mise. Malgré les avancées qu’il y a eu dans plusieurs domaines tant au niveau de la technologie, de la médecine, et j’en passe , ça n’empêche pas que la pensée de certains hommes soit toujours bloquée à l’état primitif et basique, donc il faut des oeurvres engagées et instructives que ce soit à travers la chanson, la poésie, la peinture, l’écriture ect….pour les amener à réfléchir autrement, à savoir que tous les “hommes naissent égaux “ pour répéter Dessalines le père de l’indépendance haïtienne ou tout simplement le père de la liberté.
3-Vous êtes un artiste engagé, vous l’avez rappelé de mille et unes manières, que pensez-vous du Panafricanisme dans sa conception actuelle ?
JJR: L’unité et la solidarité africaine à mon avis sont en bonne voie; c’est un peu le résumé de ma chanson “Agoye“ qui est sortie en 2007 sur mon premier album, ou encore ma chanson “Libres ensemble “ sortie il y a quelques mois, chansons qui plaident toutes les deux pour un monde juste et équitable , où personne n’essaie de dompter, de coloniser, de contrôler l’autre. Un monde où tous les peuples sont libres :« Libres ensemble»
4- La situation en Haïti aujourd’hui est telle que plusieurs pays africains veulent apporter leur soutien à Mama Africa. Quel est votre regard en ce qui concerne les réalités sociopolitiques haïtiennes ? Que dites-vous au peuple d’Haïti lorsque vous pouvez vous adresser à lui ?
JJR : Aujourd’hui notre chère Haiti ou “Haïti chérie” vit un moment très compliqué dans son histoire. On a connu des crises mais là on a touché le basfond, c’est du jamais vécu dans toute l’histoire de la première république noire depuis 1804.
Des enfants, des femmes des familles entières fuient leurs maisons; l’état ne contrôle pas la situation. On est dépassé. Mais on garde cet espoir que ça ne pas rester comme ça. Et je continue à y croire. Un peuple qui a créé la liberté ne peut pas mourir, il faut juste reprendre notre conscience et suivre la voix que Dessalines nous a tracée:
Union ! Union ! Union !
L’union fait la force, c’est notre devise.
5- Jean Jean Roosevelt, vous avez séjourné au Cameroun à l’occasion de l’événement « Reconnexion acte 1 », organisé par African Revival association Panafricaine. Comment décrivez-vous cette expérience ?
JJR: J’ai toujours voulu venir au Cameroun, j’ai eu une belle collaboration avec une artiste camerounaise avec la chanson « viens avec moi » donc je tenais déjà au pays.
J’ai déjà été en Afrique plusieurs fois et dans des pays différents. Quand on m’a contacté pour l’événement reconnection j’étais surexcité à l’idée de venir cette fois au Cameroun et de participer à ce grand rassemblement. Reconnexion, un événement qui dicte les valeurs que je partage à travers mes chansons, c’est tout un résumé de mon combat. C’était symbolique et culturel, je tenais à être là. Et je suis très heureux et très satisfait de mon séjour, accueil chaleureux, les gens sont merveilleux, la cuisine ici est très rapprochée de celle de chez nous et aussi en tant que Fan de foot je voulais aussi venir au pays de Roger Milla et Samuel Eto’o.
Jean Jean Roosevelt, vous êtes artiste musicien et chanteur, merci d’avoir répondu aux questions de Eurekanews !