Pour la première fois en près de 80 ans, un premier débat a eu lieu lundi 12 août au Conseil de sécurité de l’ONU sur le renforcement de la représentation africaine. Un débat estimé « essentiel » par onze pays, dont la Sierra Leone qui préside le Conseil en août. Les représentants présents ont expliqué que l’Afrique demande une représentation équitable dans tous les organes décideurs de l’ONU et en particulier au Conseil de sécurité. La seule façon, selon eux, de s’assurer que les décisions bénéficieront vraiment au continent africain.
La Sierra Leone assure la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU pendant le mois d’août. Ici, le président Julius Maada Bio lors de l’ouverture de l’Assemblée de l’ONU le 20 septembre 2023, à New York, au siège de l’organisation. La planète compte 1,3 milliard d’Africains et 28% des membres de l’ONU sont des pays africains. Et avant les guerres en Ukraine ou à Gaza, l’agenda du Conseil de sécurité était occupé à 90% de questions africaines. Pourtant, l’Afrique ne dispose que de deux sièges flottants sur les quinze membres du Conseil – et surtout, alors qu’elle joue un rôle important dans le maintien de la paix et la résolution des conflits, elle est largement sous-représentée. Une « injustice » pour le président de la Sierra Leone, le Dr Julius Bio : « Notre demande de deux sièges permanents avec tous les droits et prérogatives des membres actuels et de deux sièges supplémentaires de membres non permanents. C’est une question de justice commune qui doit être abordée. Il est temps de passer à l’étape suivante. ».
Longtemps considérée comme l’arlésienne, la réforme du Conseil de sécurité s’impose de plus en plus. Surtout depuis que les deux conflits globaux les plus récents sont grippés par des veto de membres permanents du Conseil. Sur le dossier, la Russie et la Chine traînent des pieds, alors que les trois membres permanents occidentaux affirment publiquement y être favorables. Lord Collins of Highbury, le ministre britannique de l’Afrique, a déclaré lundi qu’une représentation permanente de l’Afrique au Conseil était une « question d’urgence ».Mais au dela des discours, s’agit plutôt de faire du concret.
L’Afrique est déjà habituée à ces promesses endormantes qui l’obligent à l’inaction et donc à continuer de se laisser écrire l’histoire, son histoire par les autres, son sort se décide par le autres, dans une sorte de spectacle où elle assiste en victime assumée. Ceux des pays qui ont mis tout leur espoir en la Russie se trouvent alors comme coincés, la Russie ne voulant aussi leur accorder une voix. Quelle différence ferait- on alors d’avec les pays occidentaux, au moment où la Russie est perçue comme le sauveur de l’Afrique ? Notre continent continue donc la bataille, celle d’arracher au moins une place au conseil de sécurité des nations unies. La bataille est loin d’être gagnée, mais il ne faut pas désarmer.
Armel Itebe, directeur de publication du Politics