KAMPALA — Le Président ougandais Yoweri Kaguta Museveni a sévèrement critiqué la jeunesse de son pays, la « Génération Z », lors d’un discours ce week-end à Kampala. Le chef d’État, au pouvoir depuis 1986, les accuse de se concentrer sur des futilités et de manquer de l’engagement civique de sa propre génération.
Le football britannique contre la libération de l’Afrique
Yoweri Museveni a établi un contraste marqué entre la jeunesse actuelle et celle qui a mené la lutte pour l’indépendance. Il a ironisé sur les centres d’intérêt qu’il perçoit comme superficiels chez les jeunes.
« Comme tu me vois ici, j’étais de la génération Z ; J’étais un jeune homme, et quand j’étais jeune, je ne parlais pas du football britannique. Nous parlions autrefois de la libération de l’Afrique, de la libération de l’Ouganda, » a déclaré Museveni.
Le Président a ensuite interpellé la jeunesse sur le vide de leurs préoccupations :
« Maintenant, vous, la génération Z, qu’est-ce que vous considérez comme important ? Ce que j’entends, c’est vibe, vibe. Comment fonctionne l’ambiance ? Que mangerez-vous, comment vous protégerez-vous, comment protégerez-vous votre pays ? Personne ne parle de ça. »
Un contexte de forte tension
Ces propos interviennent dans un climat politique tendu entre le pouvoir et la jeunesse ougandaise.
L’année 2024 a été marquée par des manifestations massives menées par la Génération Z contre la corruption et la mauvaise gestion présumée du gouvernement. Ces rassemblements à Kampala ont été réprimés par une réponse sécuritaire ferme, conduisant à des restrictions et des arrestations.
L’appel du Président à la jeunesse à se concentrer sur la « productivité économique » et l’« intégration régionale » est perçu par beaucoup comme une tentative de détourner l’attention des questions politiques internes et des griefs soulevés par les manifestants.
Museveni a conclu son discours par une mise en garde générale à la jeunesse de l’Ouganda et de toute l’Afrique contre le « jeu avec le feu », exhortant à une concentration accrue sur les questions sérieuses.
Analyse : La fracture générationnelle au pouvoir
La critique du Président Museveni met en lumière la fracture croissante entre les dirigeants africains de longue date et la majorité de la population, qui est jeune et de plus en plus connectée.
* L’ancienne garde valorise la lutte armée et la libération politique comme fondements de la légitimité.
* La nouvelle génération (la Gen Z) utilise les outils numériques pour dénoncer la corruption, la mauvaise gestion économique et les défis quotidiens (emploi, coût de la vie).
Le débat sur le « vibe » illustre le choc entre un récit basé sur le sacrifice passé et des préoccupations contemporaines axées sur la survie économique et l’expression individuelle.