Le ministre guinéen de la Justice, Alphonse Charles Wright, a ordonné ce jeudi 3 novembre des poursuites judiciaires contre l’ex-président Alpha Condé et plus de 180 de ses anciens ministres et cadres, pour des faits présumés de corruption.
Outre l’ancien président Alpha Condé, ce sont exactement 187 autres hauts dignitaires de sa présidence, ministres, conseillers, directeurs généraux de sociétés publiques ou députés, qui sont le collimateur de la junte militaire. Mais certains noms reviennent à deux reprises. Parmi les accusés, on retrouve l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, qui est en détention préventive, ainsi que pas moins d’une quarantaine d’anciens ministres d’Alpha Condé.
À Conakry, notre correspondant Mouctar Bah précise que le puissant Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense sous Alpha Condé, et Amadou Damaro Kamara, dernier président de l’Assemblée nationale avant le coup d’État d’il y a un an, figurent aussi dans la liste.
La junte militaire, qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021, a fait de la lutte contre une corruption réputée endémique en Guinée l’un de ses principaux chevaux de bataille. Le nouveau régime a ainsi mis en place la Commission des répressions des infractions économiques et financières (CRIEF).
Parmi les personnalités visées, certaines sont en détention préventive depuis plusieurs mois, et les militaires ont pris le soin de geler des comptes bancaires, officiellement pour éviter « toute dissimulation des preuves financières d’éventuelles malversations économiques ».
Alphonse Charles Wright vient de franchir une nouvelle étape en enjoignant aux procureurs généraux, près la cour de Conakry et de Kankan, des poursuites judiciaires pour « des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité ». Jusqu’à présent, la justice n’a pas encore précisé les montants présumés détournés ou blanchis.
Alpha Condé, qui a dirigé la Guinée de 2010 à 2021, faisait déjà l’objet de poursuites notamment pour assassinats, actes de torture et enlèvements lors de la répression sanglante des manifestations contre son troisième mandat. Mais il a obtenu un sauf-conduit qui lui a permis de quitter le pays en mai dernier.