Entre appareils grillés et vivres frais pourris du fait de la perturbation électrique, certaines familles sont en panne de solutions.
Elle n’a pas eu d’autres options que de faire frire tout le poisson qu’elle avait stocké dans son congélateur. Anne Marie, mère de huit enfants, a du mal à digérer depuis quelques jours, les conséquences des coupures intempestives du courant dans la ville de Yaoundé. mercredi 16 novembre, nous sommes à Ekounou, dans l’arrondissement de Yaoundé IV. « Tous les condiments et produits que j’ai acheté pour le mois sont gâtés. La tomate, le poivron, le poireau, le piment, la viande, le poisson. Je vous dis, tout est gâté. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela me choque cette histoire », se lamente la maman.
La situation est plus pire chez Irène. Toutes deux, habitent le même coin. À date, aucun n’appareil n’est fonctionnel chez cette femme au foyer. Régulateurs de tensions, téléviseur, frigo etc. ; tout est grillé. « J’attends seulement qu’un agent d’Eneo se plante devant ma porte un jour. C’est sa tête que je vais couper. Aucun n’appareil ne fonctionne plus chez moi, comme je vous le dis. Allumez voir de vous-même. Est-ce que c’est normal ça ? Vous privez les gens du courant et vous grillez nos appareils. Cela ne peut pas finir ainsi », menace-t-elle.
À Damas dans l’arrondissement de Yaoundé 3, Ngono est propriétaire d’une machine à écraser. Et depuis trois jours, elle a du mal à joindre les deux bouts. Car, « c’est cette machine qui me permet de subvenir à certains besoins de la famille. Depuis que le courant perturbe, je n’ai même pas 1 F sur moi. Vous vous imaginez avec toutes les charges que j’ai », confie la mère de trois enfants.
C’est également une équation difficile pour Moustapha Ali, couturier au quartier Tsinga. « Je suis bloqué avec les habits des clients. Je devrais livrer certains cette semaine pour un mariage, mais, impossible. Puisque la machine à coudre et même pour la broderie travaillent avec l’énergie électrique. Vous réalisez à quel point Eneo cela nous plonge dans les sérieux problèmes », regrette l’homme.
Secours
Face à cette situation, certains sont contraints de migrer vers l’ancienne technologie. Les groupes électrogènes, lampes à pétrole, torches rechargeable, bougie etc.. « Ma torche utilise la pile et elle est rechargeable. Elle aide les enfants à réviser leurs leçons et autres. J’en ai acheté trois pour la maison », explique Edmond Ntep. Jean Claude, lui, utilise le groupe électrogène. « Je l’allume seulement la nuit, à partir de 20h. Et il est éteint à 4h. On essaye de jongler ainsi. Mais, je dois avouer que je dépense énormément pour le carburant ».
Malgré ses efforts pour épargner sa famille du noir, il n’échappe pas aux plaintes du voisinage, du fait des bruits générés par l’appareil. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter une lampe rechargeable ou un groupe électrogène font recours à la bougie. Et ce, malgré les conséquences que peuvent engendrer cela notamment, l’incendie. « J’achète cinq bougies par jour. Une dans le salon et les autres sont dans les chambres des enfants. Quand il n’y a pas la lumière, les enfants pleurent. Ils ne supportent pas le noir », déclare Youssef.
Avertissement
Le 10 novembre dernier, dans un communiqué rendu public, le ministre de l’eau et de l’énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, avait annoncé des perturbations électriques dans les régions du centre et Sud. Un changement qui devrait être sur la période du 12 au 16 novembre du mois courant. Ces travaux, selon le minee, rentrent dans l’opération d’accroissement de l’offre de production électrique. Principalement, le raccordement de la centrale hydro-électrique de Memve’ele au Réseau interconnecté du Sud, à partir du poste de Nkolkoumou.
Ainsi, pour moins ressentir le délestage, durant cette période, le gouvernement a instruit les sociétés en charge de la production et le transport de l’énergie électrique (Eneo, Sonatrel) de prendre des mesures urgentes, afin que des programmes de ravitaillement rotatif soient institués et communiqués par Eneo aux consommateurs.
Sauf que, le planning déroulé par l’entreprise sus-évoquée semble non respecté dans certains quartiers de la ville de Yaoundé. « J’ai lu deux programmes qui ont circulé sur les réseaux sociaux. Le premier annonçait des coupures à partir de 6h jusqu’à 12h. Le second parlait d’une coupure de 12h jusqu’à 16h. Mais, ici dans mon quartier à Ayéné, on a coupé de 6h jusqu’à 3h. Et quand le courant était revenu, ça n’a même pas fait 45 minutes, c’était reparti », explique un jeune étudiant.
Tout porte à croire que certains ménages vont subir les prolongations. « À Damas c’est grave. Je ne crois pas qu’on aura un retour à la normale après le 16 novembre. On a coupé complément dans mon secteur. Il n’y a vraiment rien. Et jusque-là, il n’a rien pourtant les travaux étaient censés s’achever le 16 novembre », s’effraye un riverain.