Depuis son accession à l’indépendance, la République unie du Cameroun a toujours proclamé son attachement au non-alignement et s’est toujours efforcée de conformer sa politique internationale à ses principes. Jaloux de sa souveraineté, qui lui paraît la condition indispensable de son progrès et de l’affirmation de la dignité africaine, le Cameroun a choisi normalement de rester en dehors des conflits des blocs. Au cours des dernières décennies, le Cameroun a été amené à développer sa coopération avec les organisations internationales à caractères économique et financier. Cette évolution s’explique par les nécessités de son développement et le rôle croissant des institutions financières internationales, favorisé par la montée en puissance de la mondialisation.
Une politique extérieure originale
La politique diplomatique du Cameroun, repose sur trois données essentielles qui doivent être prises en considération. La première c’est que, situé au point de contact de plusieurs régions naturelles et au point de convergence des voies de migration, le Cameroun est par vocation un pays ouvert au monde. La deuxième est que, par les hasards de l’histoire, le Cameroun a connu une triple administration allemande, anglaise et française, dont il a hérité un plurilinguisme qui confère une nouvelle dimension à son ouverture au monde. La troisième est que, n’ayant jamais été véritablement une colonie, mais ayant eu, dans le cadre du mandat de la Société des nations d’abord et ensuite sous le régime de tutelle de l’ONU, un statut particulier avec vocation à l’indépendance, le Cameroun a été très tôt préparé à la vie internationale. L’histoire en dit d’ailleurs long. En 1960, le pays accède à l’indépendance. Il doit élaborer sa politique étrangère au moment où deux blocs puissants dominent la scène internationale et s’efforcent chacun d’influencer les petits et moyens Etats et de compromettre ainsi son indépendance. Cela suppose que l’on reconnaît à chaque peuple le droit de résoudre, en toute indépendance, ses propres affaires et cela sous-entend que le respect absolu de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays.
L’application de ces principes devrait conduire les Etats ayant adopté des régimes politico-sociaux différents à développer néanmoins leur coopération économique et culturelle, pour le plus grand bien de l’humanité. C’est donc en considération de ce qui précède que le Cameroun, sous la conduite de son guide éclairé, a fait du non-alignement et de la coopération internationale les principes de base, les options fondamentales de sa politique étrangère. D’année en année, les relations que le Cameroun entretient avec les pays africains ont été de plus en plus étendues, de plus en plus diversifiées et approfondies.
Une politique d’ouverture
A l’aube de l’indépendance, le Cameroun avait noué des relations amicales avec tous les pays industrialisés du monde occidental, notamment ceux auxquels l’attachent des liens historiques. Sans se lancer dans une prétentieuse politique planétaire à la réalisation de laquelle les moyens matériels auraient fait défaut, le Cameroun, en application des principes ci-dessus, s’ouvre à tous les pays épris de paix. Quiconque voudrait bâtir sa coopération avec le Cameroun sur la base de l’indépendance nationale et du respect mutuel est sûr de trouver auprès de lui une compréhension agissante. Fidèle à sa politique d’ouverture, le Cameroun a également entrepris très tôt de nouer des relations amicales avec les pays d’Europe orientale. Il faut bien reconnaître que les débuts furent difficiles parce que les parties en présence accusaient une certaine méconnaissance l’une de l’autre. Aujourd’hui, la situation se présente tout autrement.
Le Cameroun entretient des relations diplomatiques non seulement avec l’Union soviétique, mais encore avec d’autres pays socialistes d’Europe orientale comme la Roumanie, la Pologne, la République démocratique allemande, l’Albanie, la Yougoslavie. La coopération avec ces pays va en se consolidant et en se diversifiant dans de nombreux domaines. Sur le plan bilatéral, le Cameroun a établi une coopération active et dynamique avec les pays africains. Cette coopération repose sur de nombreux accords touchant les domaines les plus variés tels que la culture, le commerce, les transports, le personnel, une liste loin d’être exhaustive. Toujours en Afrique, le Cameroun ne s’est pas contenté de condamner énergiquement le fait colonial tel qu’il existait encore ici et là sur le continent, mais il a toujours soutenu activement les mouvements de libération qui luttent soit pour l’indépendance de leurs pays, soit pour le respect de la dignité de leurs peuples.