La fragile accalmie entre la Thaïlande et le Cambodge a volé en éclats cette semaine avec la reprise des affrontements transfrontaliers. Des centaines d’écoles ont été soudainement fermées dans le nord du pays, et des familles entières fuient les zones de combat pour trouver refuge dans des camps de fortune. Le bilan s’alourdit et les espoirs d’un retour à la normale s’amenuisent.
Des salles de classe vidées par la peur
Les provinces du nord du Cambodge font face aux conséquences directes des combats. Cette semaine, des centaines d’établissements scolaires ont fermé leurs portes, interrompant brutalement l’éducation de milliers d’enfants.
Des images prises dans un lycée mardi montrent des salles de classe vides, les cours ayant été suspendus suite à des attaques à proximité de la frontière. La confusion et la peur sont les seules leçons retenues par les élèves :
Ny Yori, élève dans le district de Samrong, raconte que son enseignante leur a distribué des livres à emporter juste avant d’entendre des bombardements.
« Je veux que la guerre se termine. Ensuite, je veux retourner à l’école pour revoir mes amis et mes professeurs », confie-t-elle.
Peurt Thaifa se souvient : « Nous étions alignés près du mât du drapeau quand nous avons entendu une explosion. La maîtresse nous a dit de rentrer à la maison. »
La fermeture intervient après que les deux camps se sont accusés mutuellement de violer le cessez-le-feu conclu en juillet, suite à la reprise des hostilités dimanche.
L’exode et les camps de fortune
Plus au sud, dans le district de Veal Veng (province de Pursat), la reprise des violences force des centaines de familles à se réfugier dans des camps de fortune.
Des tentes s’étendent sur des terrains vagues, où les personnes déplacées s’organisent et reçoivent des vivres.
Theang Leng, gouverneur du district, confirme la gravité de la situation :
« C’est la troisième fois que nous accueillons des personnes déplacées ici. Aujourd’hui, nous leur avons fourni des tentes et un abri. J’appelle la communauté internationale à empêcher la Thaïlande d’envahir le Cambodge et à apporter un soutien aux personnes déplacées fuyant la guerre. »
Dans le camp, l’inquiétude se mêle à l’organisation. Pum Ret, 53 ans, a préparé du porc grillé et du pain pour son mari soldat resté en première ligne, craignant les drones thaïlandais. D’autres, comme Ma Art, ont fui dans la précipitation avec le strict minimum :
« J’ai laissé tout le reste à la maison, seulement mes poules ont pu venir dans mon vieux side-car… Les bombardements ne font pas de distinction entre les humains et les autres. »
Escalade et accusations mutuelles
L’escalade est survenue après que la Thaïlande a lancé des frappes aériennes contre des positions militaires cambodgiennes dans la zone contestée. Les autorités thaïlandaises ont justifié ces frappes comme des représailles à un incident survenu plus tôt cette semaine.
Nikorndej Balankura, directeur général du département de l’information de Thaïlande, a publiquement accusé le Cambodge de miner le cessez-le-feu négocié par les États-Unis et la Malaisie, affirmant que Phnom Penh « piétinait » l’accord.
D’après les premiers rapports, les derniers échanges de tirs ont déjà entraîné la mort d’un soldat thaïlandais et de quatre civils cambodgiens. La situation à la frontière demeure extrêmement volatile.
