La tentative de coup d’État avortée de dimanche dernier au Bénin prend une nouvelle tournure diplomatique, menaçant d’envenimer les relations entre Cotonou et son voisin, le Togo. Le colonel Pascal Tigri, identifié comme le chef présumé du Comité Militaire pour la Refondation, aurait trouvé refuge sur le territoire togolais, déclenchant une demande d’extradition immédiate de la part du gouvernement béninois.
L’Échec du Putsch et la Fuite
Dimanche matin, des soldats ont brièvement pris le contrôle de la télévision publique béninoise, annonçant la déposition du président Patrice Talon. Cependant, l’armée béninoise, bénéficiant du soutien du Nigeria ainsi que du renseignement et du soutien logistique de la France, a rapidement contrecarré la tentative.
Dans les heures qui ont suivi l’échec, le lieu de résidence du colonel Tigri est resté inconnu. Ce Mercredi, deux responsables du gouvernement béninois ont confirmé à reuters que Tigri et d’autres complices présumés se cachaient au Togo. L’un des responsables a précisé que les fugitifs se trouveraient dans le quartier de Lomé 2 à Lomé, un secteur où réside également le président togolais, Faure Gnassingbé.
Demande d’Extradition et Tensions Diplomatiques
Le Bénin a immédiatement réclamé la remise des soldats en fuite. Une note de service de renseignement national béninois, datée du mercure 10 décembre et consultée par Reuters, indique que quatre membres de l’armée béninoise ont cherché refuge au Togo. Le mémo souligne un contact établi le jour du coup d’État entre Tigri et une personne utilisant un numéro de téléphone togolais.
Pour l’heure, le ministère togolais des Affaires étrangères n’a pas réagi publiquement à cette demande. Ce différend pourrait exacerber les divisions diplomatiques en Afrique de l’Ouest, une région déjà fragilisée par une série de coups d’État ces dernières années.
Détails de la Tentative
Pour rappel, le communiqué du gouvernement béninois a révélé des détails glaçants sur la tentative. Les militaires responsables de cette tentative de déstabilisation sont parvenus à s’approcher suffisamment de la résidence de Patrice Talon pour que le président soit témoin des affrontements violents.
Le communiqué a également fait état de l’enlèvement de deux hauts responsables militaires, libérés 24 heures plus tard. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Leandre Houngbedji, a de son côté confirmé l’arrestation de 14 personnes en lien avec cette trahison.
Si le Bénin n’a pas fourni de bilan officiel, un compte rendu détaillé du gouvernement a fait état de victimes « des deux côtés » lors des violences qui ont eu lieu à Cotonou. Cette crise intervient alors que le Bénin se prépare à une élection présidentielle en avril, qui marquera la fin du mandat de Talon. Le ministre des Finances sortant, Romuald Wadagni, est le candidat de la coalition au pouvoir et le grand favori du scrutin. Le développement de cette situation dépendra désormais de la réponse des autorités togolaises à la demande d’extradition de Cotonou.