Le volume persistant des Soldes engagés non décaissés (Send) soulève de sérieuses interrogations sur l’efficacité des réformes entreprises par le gouvernement pour améliorer la gestion de la dette publique. Malgré la mise en place du compte spécial à la Beac en 2019, le problème reste d’actualité et remet en question, la capacité du pays à mobiliser et à décaisser à temps les financements nécessaires pour ses projets de développement.
Depuis plusieurs années, la question des Soldes engagés non décaissés (Send) sur les emprunts extérieurs du Cameroun constitue un véritable casse-tête pour les autorités. Fin avril 2024, ce volume atteignait un niveau record de 4059,6 milliards FCFA, soit une augmentation de 216,2 milliards FCFA entre décembre 2023 et avril 2024.
Selon Directeur Général de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), Adolphe Noah Ndongo, « cette situation s’explique par la faible maturation des projets pour lesquels l’État s’est endetté ainsi que par la faible capacité du trésor public à débloquer à temps les fonds de contrepartie ». En effet, près de 88,9 milliards FCFA de ces Send sont liés aux appuis budgétaires, des fonds qui n’ont pas été consommés depuis plusieurs années. Pour certains observateurs de la scène financière camerounaise, cette situation traduit un échec cuisant des réformes entreprises par le gouvernement de Paul Biya depuis 2019.
Rappelons que la mise en place du Basket Fund à la Beac en 2019 visait justement à garantir une meilleure mobilisation de la contrepartie de l’État dans le cadre de la mise en œuvre des projets et programmes. Malheureusement, 5 ans après, force est de constater que le volume des Send reste à un niveau inédit, malgré le transfert récent de la gestion du Basket Fund à la CAA. Cette cession est désormais perçue comme une réponse curative à cette maladie chronique qui affecte la capacité du Cameroun à décaisser les financements extérieurs.
Dans ce contexte, le président de la République, Paul Biya, avait déjà prescrit en août 2022, dans une circulaire relative à la préparation de la loi de finances de 2023, l’annulation des conventions de projets dont les délais d’exécution étaient anormalement longs ou dépassés et qui éprouvaient des difficultés de mise en œuvre.
Cependant, force est de constater que ces mesures n’ont pas encore produit les effets escomptés. Face à cette situation préoccupante, les autorités camerounaises sont appelées à redoubler d’efforts pour améliorer la gestion de la dette publique et la capacité de décaissement des fonds extérieurs. Une meilleure coordination entre les différents acteurs impliqués, un renforcement des capacités au sein de l’administration et une révision des procédures de gestion des projets semblent être des pistes à explorer pour relever ce défi majeur.