L’ancien président français Nicolas Sarkozy est arrivé mercredi 22 mars à Kinshasa pour une «visite privée» durant laquelle est néanmoins prévue une rencontre avec le chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, sur fond de crise entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, a-t-on appris de sources fiables.
L’homme d’État français arrive dans la capitale congolaise, un jour après le départ de Kinshasa de l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin qui a eu des échanges fructueux avec les hautes institutions de la RDC. Ce séjour est d’autant plus important qu’il intervient, surtout, après celui du Président français Emmanuel Macron, au début du mois, dans la capitale congolaise, dernière étape de la tournée l’ayant conduit au Gabon, en Angola et au Congo-Brazzaville. Tout porte à croire que ce voyage a pour but de faciliter une amorce de « dialogue» avec le président rwandais Paul Kagame, «dont Nicolas Sarkozy est proche».
Sous sa présidence (2007-2012), la France et le Rwanda s’étaient officiellement réconciliés, après les accusations de «complicité» de génocide portées par Kigali à l’encontre de Paris pour son soutien au régime hutu rwandais responsable de la mort en 1994 de 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis. Nicolas Sarkozy avait reconnu en 2010 de «graves erreurs d’appréciation» et une «forme d’aveuglement» de la France. Historiquement compliquées, les relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo sont exécrables depuis la résurgence fin 2021 de la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), qui s’est emparée depuis un an de larges pans de territoire du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC.
Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU et dénoncé par des chancelleries occidentales, bien que Kigali s’en défende. Plusieurs initiatives pour une désescalade ont été lancées en Afrique et l’actuel président français lui-même, Emmanuel Macron, avait joué en septembre dernier les facilitateurs pour une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Mais la rébellion avait ensuite repris de plus belle ses avancées.
En visite le 4 mars à Kinshasa, dernière étape d’une tournée en Afrique centrale, Emmanuel Macron n’avait pas clairement condamné le Rwanda, comme le lui demandaient les Congolais, mais lancé de fermes mises en garde, y compris à Kigali.Nicolas Sarkozy a eu à visiter Kinshasa en 2009, dans le cadre d’une tournée de deux jours en Afrique qui l’avait conduit également au Congo-Brazzaville et au Niger.