La sécurité nationale est au cœur des priorités du Nigeria suite à la démission du ministre de la Défense, Mohammed Badaru Abubakar, pour raisons de santé, moins d’un an après sa nomination. Son départ intervient dans un contexte de forte tension, exacerbée par une vague d’enlèvements de masse d’écoliers, principalement dans le nord du pays, qui a ravivé la peur et mis en lumière la vulnérabilité des communautés rurales. Face à cette escalade des violences, qui incluent l’insurrection djihadiste dans le Nord-Est, les bandes criminelles dans le Nord-Ouest et les conflits fonciers dans le Centre, Abuja a répliqué en décrétant un état d’urgence sécuritaire national. Cette mesure s’est traduite par le déploiement d’unités supplémentaires, le renforcement des effectifs policiers et la mobilisation de gardes forestiers pour sécuriser les zones difficiles d’accès.
L’exécutif mise désormais sur une transition rapide au ministère de la Défense, avec l’éventuelle nomination du général Christopher Musa, ancien chef d’état-major des armées, pour assurer une continuité opérationnelle immédiate.
Le Nigeria est confronté à une menace sécuritaire multidimensionnelle qui illustre la complexité des défis auxquels font face plusieurs nations du continent. Le pays doit gérer simultanément une mosaïque de crises allant des tensions séparatistes dans le Sud-Est aux conflits pastoraux récurrents, le tout aggravé par la pauvreté et la porosité des frontières. Ces facteurs interconnectés créent un environnement propice aux activités des groupes armés, dont les enlèvements d’écoliers sont devenus une source de financement et une tactique de terreur. Cette situation met une pression considérable sur le gouvernement pour non seulement sécuriser les populations et les établissements scolaires, mais aussi pour maintenir une prudence diplomatique face aux préoccupations internationales, notamment celles de Washington concernant une prétendue persécution religieuse. Les autorités nigérianes rappellent que les violences affectent des citoyens de toutes confessions, insistant sur la nécessité d’une coopération internationale basée sur une lecture nuancée de la crise.
L’enjeu pour Abuja dépasse la simple réponse militaire à court terme. Tandis que les familles d’otages et les communautés attendent une amélioration tangible de la sécurité pour restaurer la scolarité et l’économie locale, les experts appellent à une stratégie globale et durable. Celle-ci devrait intégrer des réformes en profondeur, notamment au niveau judiciaire, un renforcement de la gouvernance locale et une professionnalisation accrue des forces de sécurité. La réussite de l’exécutif à rétablir la stabilité et la confiance institutionnelle dépendra de sa capacité à transformer l’effort à court terme en un pacte de sécurité et de développement à moyen terme. Le Nigeria, pivot démographique et économique de l’Afrique de l’Ouest, est un baromètre pour la sécurité régionale; ses partenaires africains et internationaux observent attentivement les décisions prises pour garantir la protection de ses citoyens.