Dans un climat de tension persistante malgré les récentes percées diplomatiques, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a réagi avec une vive méfiance à l’annonce du retrait des rebelles du M23 de la ville d’Uvira. Pour Patrick Muyaya, ministre de la Communication, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une « distraction » visant à masquer l’essentiel.
Une méfiance ancrée
S’exprimant depuis la capitale Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, n’a pas mâché ses mots. Alors que des mouvements de troupes ont été signalés à Uvira, Kinshasa refuse de crier victoire.
« Nous ne voulons pas de gestes superficiels. Ce que nous voulons, c’est le retrait complet des troupes rwandaises de nos territoires », a martelé le ministre.
Pour les autorités congolaises, le problème est global : le retrait ne doit pas se limiter à une seule localité comme Uvira, mais doit s’étendre à Goma, Bukavu et à l’ensemble des zones occupées, conformément aux engagements internationaux.
L’ombre des « Accords de Washington »
Ce nouveau développement intervient dans le sillage des Accords de Washington, un traité de paix et de coopération économique récemment signé sous l’égide du président américain Donald Trump.
Pourtant, la prise d’Uvira par le M23, survenue juste avant la signature de ces accords, avait déjà été dénoncée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio comme une « violation claire » des engagements pris. Pour Kinshasa, le retrait actuel n’est qu’une réponse tactique à la pression internationale.
La métaphore du « Père et du Fils »
Patrick Muyaya a utilisé une image forte pour décrire la relation entre Kigali et la rébellion :
Le Rwanda (le « Père ») : Sous pression diplomatique, il chercherait à sauver les apparences.
Le M23 (le « Fils ») : Agirait sur commande pour anticiper les sanctions ou les critiques.
« Le Rwanda veut faire semblant ou faire un spectacle pour nous distraire », a conclu le ministre, balayant l’argument selon lequel le M23 agirait de manière autonome.
Un flou persistant sur le terrain
Malgré ces annonces, la situation reste complexe : À l’heure actuelle, aucun organisme indépendant n’a pu confirmer l’effectivité et l’étendue de ce retrait. De son côté, le Rwanda continue de nier catégoriquement toute présence de ses troupes sur le sol congolais ou tout soutien logistique au M23.
L’analyse de la rédaction
En qualifiant ce mouvement de « distraction », la RDC maintient la pression sur la communauté internationale pour que les Accords de Washington ne restent pas lettre morte. Pour Kinshasa, la paix ne passera pas par des replis localisés, mais par une libération totale du territoire.