Coups d’État, retrait de troupes françaises, tensions régionales, terrorisme… Le continent africain a été marqué par de nombreux événements politiques au cours de l’année écoulée. Que faut-il retenir ? Tour d’horizon de l’année 2022.
Le M23, met en conflit la RDC et Rwanda
Depuis la fin du mois de mars, dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, les rebelles du M23 font de nouveau parler d’eux, après avoir été chassé du pays en 2013. En raison des affrontements entre ces rebelles et l’armée, plus de 200 000 Congolais ont été contraints de fuir leurs villages. Avec la résurgence du mouvement, les tensions s’accroissent entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles. Ces accusations sont réfutées par le gouvernement rwandais. Des experts de l’ONU et des responsables américains pointent du doigt le potentiel soutien du Rwanda au M23. Des pourparlers de paix doivent avoir lieu au mois de janvier 2023, après de précédentes sessions au Kenya.
Le procès de Thomas Sankara
34 ans après le coup d’État qui a coûté la vie au « père de la révolution burkinabè » Thomas Sankara, le tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict le 6 avril 2022. Blaise Compaoré est reconnu coupable de « complicité d’assassinat » et d’ « atteinte à la sûreté de l’État », avec un de ses généraux et son chef de cabinet. Ils sont tous les trois condamnés à la prison à perpétuité. Huit autres accusés écopent de peines allant de trois à 20 ans de prison.
Histoire des 49 soldats ivoiriens
Le 10 juillet 2022, 49 soldats de Côte d’Ivoire sont arrêtés à leur arrivée à l’aéroport de Bamako. Les autorités maliennes les accusent d’être des « mercenaires ». De son côté, Abidjan affirme que ces soldats sont allé au Mali en appui au contingent ivoirien de la mission de l’ONU dans le pays, la Minusma. En août 2022, le Togo, qui joue un rôle de médiateur entre les deux pays, parvient à obtenir la libération de trois femmes militaires. Les chefs d’État ouest-africains ont fixé un ultimatum au Mali pour libérer ces militaires : le 1er janvier 2023. Le procès des 46 soldats s’est ouvert le 29 décembre 2022 à la Cour d’appel de Bamako.
Mali : fin de l’opération Barkhane
Le 15 août 2022, le dernier soldat français quitte le Mali. Cela fait suite à la décision prise par la France en février de se retirer du pays. C’est la fin de neuf ans d’opérations militaires visant à éradiquer le terrorisme dans la région.
En 2013, à la demande de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, la France lance l’opération Serval, qui devient l’opération Barkhane un an plus tard, pour bloquer l’avancée djihadiste vers Bamako. Avec la prise de pouvoir d’Assimi Goïta par un coup d’État en 2020, les relations entre les deux pays se sont sensiblement dégradées. Par ailleurs, le pouvoir militaire malien a recours aux mercenaires russes de Wagner pour faire face à la menace djihadiste. En parallèle, l’ONU alerte sur la hausse des exactions commises sur des civils.
Depuis le retrait de l’opération Barkhane, certaines emprises contrôlées par les soldats français n’ont pas été réoccupées par l’armée malienne. Cela a permis aux djihadistes, notamment à l’État islamique du Grand Sahara, de gagner du terrain.
William Ruto élu président du Kenya
Six jours après la fin du scrutin, la commission électorale déclare William Ruto victorieux de l’élection présidentielle du 15 août 2022, à quelques points devant son adversaire, le vétéran Raila Odinga. Ce dernier conteste le résultat de l’élection et formule une requête devant la Cour suprême. Cependant, celle-ci confirme l’élection de William Ruto. Il promet d’œuvrer pour le « bien-être économique » du pays.
Manifestation sanglante au Tchad
Le 20 octobre 2022, des centaines de personnes manifestent pour dénoncer le maintien de Mahamat Idriss Déby au pouvoir et la décision de prolonger de deux ans la transition démocratique. Le pouvoir dénonce une tentative « d’insurrection » et les manifestations sont réprimées dans le sang. Le Premier ministre fait état d’une cinquantaine de morts, dont 10 policiers et 300 blessés.
Cependant, l’ONU estime qu’il y a potentiellement eu 150 morts, dans plusieurs rassemblements. Le gouvernement tchadien a accepté qu’une enquête soit menée pour faire la lumière sur ces événements.
Éthiopie : vers une sortie de crise au Tigré ?
Après deux ans de conflit, le gouvernement éthiopien et les autorités rebelles de la région du Tigré, dans le nord du pays signent un accord de « cessation des hostilités » le 2 novembre 2022, sous l’égide de l’Union Africaine. Cet accord doit mettre fin à une guerre considérée comme « l’une des plus meurtrières au monde » par les ONG.
Opposant l’Ethiopie aux autorités rebelles du Tigré depuis novembre 2020, ce conflit a été marqué par de possibles crimes contre l’humanité commis par « toutes les parties » selon l’ONU. Plus de 500 000 personnes y ont perdu la vie et plus de deux millions d’Ethiopiens ont été déplacés.
La désillusion politique tunisienne
La situation politique continue d’évoluer en Tunisie. Le 17 décembre, les Tunisiens sont appelés à voter pour élire le Parlement. Seuls 11% d’entre eux se rendent aux urnes. C’est un camouflet pour le président Kaïs Saied, qui s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021. En août 2022, la Constitution proposée par le président est adoptée à 94,6% des suffrages exprimés lors d’un référendum. Cela lui permet de renforcer ses prérogatives. En plus de cette désillusion politique, la Tunisie traverse une grave crise économique. Les habitants font face à des pénuries de produits essentiels et l’inflation s’est envolée. Ces deux facteurs motivent une importante contestation sociale.