Les pays membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont franchi une étape décisive lors de leur récent sommet ordinaire à Abuja. L’organisation régionale a annoncé des mesures concrètes pour renforcer sa sécurité collective et pour stabiliser la situation politique agitée dans deux de ses membres.
Vers une force de déploiement rapide et une brigade antiterroriste
La principale annonce concerne la mise en place imminente de forces de déploiement rapide. Le Président en exercice de la Conférence des Chefs d’État de la CEDEAO, le Sierra-Léonais Julius Maada Bio, a précisé les contours de cet engagement sécuritaire.
Selon lui, les Ministres des Finances et de la Défense travaillent actuellement sur les modalités d’un financement durable pour cette initiative. L’objectif est ambitieux : lancer une brigade antiterroriste forte de 1.650 hommes d’ici à la fin de 2026.
Le président en exercice Julius Maada Bio a souligné la nécessité de consolider l’institution régionale, affirmant qu’une plus grande intégration ne pourra se réaliser qu’en combattant « frontalement le terrorisme et l’extrémisme violent. »
La monnaie unique et les ambitions régionales
Au-delà de la sécurité, le sommet a permis d’évoquer l’un des projets économiques phares de la région : le lancement d’une monnaie unique. Cet objectif est maintenu, avec une date de lancement prévisionnelle désormais fixée vers 2027.
Fermeté face aux crises politiques : Guinée-Bissau et Bénin
La situation politique de la Guinée-Bissau et du Bénin a dominé les échanges. L’organisation a adopté une position de fermeté : rejetant le programme de transition proposé par les nouveaux dirigeants Bissau-guinéens, la CEDEAO a menacé d’imposer des « sanctions ciblées » au pays suite au récent coup d’État. Ce type de mesure est souvent utilisé pour faire pression sur les dirigeants non constitutionnels.
Au Bénin, l’organisation a condamné le coup d’État avorté. En réponse à cette tentative, une force d’intervention multinationale a déjà été déployée. Le Nigeria a envoyé des avions de chasse et des troupes, rejointes par des soldats de Côte d’Ivoire. La CEDEAO a également indiqué que des renforts militaires sont attendus prochainement, notamment du Ghana et de la Sierra Leone.
Le sommet d’Abuja confirme donc la volonté de la CEDEAO de jouer un rôle plus actif et plus musclé, tant sur le plan de la sécurité régionale face à la menace terroriste, que dans la défense de l’ordre constitutionnel et démocratique de ses membres.