Le Mali justement qui commence à présenter des failles au niveau de ses finances publiques et internationales, n’a pas pu s’acquitter des sommes dues fin janvier sur le marché financier sous régional, en raison de l’embargo sous régional qui menace de plomber toute son Économie. Occasion idoine donc de savoir quelles peuvent être les autres opportunités exploitables par le Mali pour faire face à ses préoccupations financières.
Vous êtes économiste spécialisé en stratégie et directeur de Afro-centre city un groupe de réflexion et d’action, le gouvernement malien a annoncé la semaine dernière qu’il n’a pas été à mesure de s’acquitter des sommes dues fin janvier sur le marché financier sous régional.
Quelles sont les conséquences à court et moyen terme pour le Mali ?
C’est une question très intéressante alors à court terme tout de suite pour vous répondre, il faut d’abord préciser des choses. Le Mali est dans une zone économique monétaire qu’on appelle la zone franc qui veut dire que sa banque centrale, la banque du Mali doit déposer une partie de son argent auprès de la banque centrale qui se trouve à Dakar, banque centrale des États de L’Afrique de l’ouest et cette banque centrale elle-même gère cette monnaie franc CFA et paradoxalement beaucoup de gens ne le savent pas. Et quand on doit convertir le franc CFA dans une devise, l’Euro, le yuan, le dollar, nous avons besoin de l’autorisation du trésor français donc de la France. De ce fait, l’argent du Mali est déposé auprès de cette banque centrale et cet argent d’après nos calculs en tout cas ce qui a été mis à disposition, le Mali ne devrait pas avoir de problèmes sur six à huit mois à peu près de réserve internationale.
D’autant plus que les autorités ont-elles même expliqué qu’elles ont les liquidités nécessaires pour s’acquitter de ces dettes
Très juste, absolument juste c’est ce que je vous dis déjà que dans nos calculs à nous on avait six à huit mois sans problème pour le Mali sans compter qu’il y’a d’autres réserves qui auraient pu permettre de rallonger la période. Donc cet argent appartient au Mali il faut être très précis là-dessus. Donc si le Mali aujourd’hui ne peut pas payer à court terme donc je reviens sur votre question , ce n’est pas un problème malien c’est un problème de la banque centrale qui a refusé en fait de laisser l’argent du Mali sortir pour aller payer Les différents prêts, que ce soit de crédit, que ce soit des choses que le Mali doit payer.
Oui l’argent retenu par la banque centrale en application aux sanctions de la CDAO et de l’UEMOA
Absolument ! Alors maintenant vous avez dit un deuxième élément quand vous dites en application des sanctions là on a un problème parce qu’il n’est prévu nulle part, nulle part je dis bien de faire une obstruction notamment dans les cas d’urgences comme ça. C’est pour ça que le Mali d’ailleurs dit que c’est illégal. Bon…à partir de ce moment c’est vrai vous avez des conséquences, le Mali donc ne pourra pas honorer à tel ou tel engagement. Mais attention l’argent appartient bien au Mali et donc si la banque centrale insiste je vous dis que c’est illégal donc il faudrait faire un procès. On se demande d’ailleurs devant quelle justice puisque la cour de justice de la CDAO est suspendu. Est-ce que le Mali peut même aller devant cette cour?
Mr AMAHIZO pardon permettez-moi de vous interrompre, mais est-ce qu’on peut clairement savoir à court terme qu’est-ce que cela implique pour le Mali ce refus de déblocage de fonds qui lui appartienne ?
Voilà, si les fonds appartiennent au Mail comme je disais et que vous les avez bloqués, le Mali a deux possibilités. Vous expliquez à un autre partenaire que vous avez de l’argent en dépôt qui vous appartient à court terme qui est bloqué. Si le partenaire étrangers a eu un autre que la France, et bien il vous fait un crédit simplement. Donc de ce point de vu, il faut dire Les choses clairement le Mali peut être surpris mais ça m’étonnerait. Vous essayez de me faire dire qu’elle va subir tel ou tel effet. C’est vrai mais on subit Les effets si on ne fait rien, le Mali ne va pas dormir.
Si je comprends bien, ce blocage des fonds malien par la banque centrale pourrait ne pas avoir de conséquences majeures sur le Mali si le gouvernement réagit vite ?
Absolument ce qui va se passer, le Mali va aller chercher à trouver d’autres partenaires, je vous invite à penser à la Chine, je vous invite à penser à la Russie, je vous invite à penser à la Turquie et je vous invite à penser à la plupart des pays arabes parce que le Mali on n’oublie pas c’est un pays musulman. Le Mali est un frère des autres pays musulmans et dans ce cas-là, on ne prend pas d’intérêt. Ce qui veut dire qu’on va lui mettre de l’argent à disposition entre guillemets à un taux de zéro ou zéro quelque chose en tout cas un taux vraiment modique c’est-à-dire que le Mali va trouver plusieurs alternatives.
Mais le Mali est un État donc comme vous dites pertes de confiance ceci, crédibilité, ça ne peut pas fonctionner parce que c’est l’État qui est en cause. Vous connaissez la dette des États-Unis ? La France est à 115% de dette et pourtant personne ne met en cause la crédibilité de la France puisque la France est prêt à payer dès que les conditions iront mieux, elle se débrouille pour vous payer. Sur sa crédibilité je pense qu’il n’y aura aucun effet parce que c’est un État qui s’engage pour honorer en tout cas les engagements les plus urgents à court terme voir à moyen et long terme et même trouver carrément une alternative. Ça peut aller loin, ça peut être le début de la sortie du franc CFA. Je vous rappelle que la Mauritanie est sortie du franc CFA.
Donc cette crise pourrait apparaître comme une opportunité pour le Mali de quitter la zone CFA?
Justement, moi je ne parle pas d’opportunité mais je parle même d’effet de levier en cela que le résultat que ceux qui ont fait ça veulent obtenir va être le contraire, on n’est pas dans la situation ivoirienne avec Mr Gbagbo qui n’avait pas anticipé, on n’est pas dans la situation ivoirienne ou Mr Gbagbo n’avait pas signé d’accord ni avec la Russie, ni avec l’Afrique du Sud qui lui a donné une aide militaire à l’époque. Nous sommes dans une nouvelle situation ou le Mali a anticipé ce que fait la France et elle a donc des accords militaires avec la Russie, des accords militaires avec d’autres pays et c’est ce qui lui permet. Comment voulez-vous savoir si quelqu’un est entré dans votre territoire si vous n’avez pas de satellites adapté pour le savoir.
Ce n’est pas ce Mali qui a ces satellites donc c’est bien quelqu’un d’autre qui l’aide et ça ne se fait pas gratuitement, ça veut dire que le Mali a engagé sa crédibilité, bien sûr ça peut se monnayer il y aura tel ou tel aspect que le Mali devra payer, les mines et autre. Écoutez ! La France ne fait pas mieux et d’autres pays ne font pas mieux on est dans la politique donc c’est donnant donnant.
En somme, vous dites Mr AMAHIZO que le Mali a plusieurs plans B?
Je dirai que le Mali a un plan B, un plan C et un plan D.