Le Point : Un virage historique pour l’aviation continentale
L’Association des Compagnies Aériennes Africaines (AFRAA) vient de confirmer une avancée majeure : le déploiement complet de l’espace aérien à routes libres (Free Route Airspace, FRA) dans la région de l’Afrique occidentale et centrale (WACAF), effectif depuis le 30 octobre 2025. Cette initiative, soutenue par l’ambition d’un ciel africain unifié, promet d’injecter un vent de fraîcheur sur les plans économique et environnemental du transport aérien sur le continent.
Fini le zigzag : l’efficacité comme nouvelle boussole
Le concept des routes libres est simple, mais révolutionnaire : au lieu de suivre des trajectoires aériennes conventionnelles, rigides et souvent en zigzag, les compagnies peuvent désormais planifier et emprunter le chemin le plus direct, le plus court, et donc le plus économe en carburant entre leurs points de départ et d’arrivée.
Cette flexibilité permet aux pilotes de s’adapter aux conditions météorologiques en temps réel, notamment en exploitant au mieux les courants de vent. L’impact est immédiat sur l’efficacité opérationnelle :
* Gain de temps : On anticipe plus de 1 393 heures de vol économisées annuellement.
* Réduction des coûts : L’économie de carburant projetée atteint les 5 000 tonnes métriques, se traduisant par une baisse de 15 millions de dollars de coûts de kérosène par an.
Un engagement vert pour l’Afrique
Dans un contexte mondial où l’aviation est mise au défi de sa transition écologique, l’adoption des routes libres est également une victoire environnementale majeure. En optimisant les trajectoires, l’initiative permet d’éviter l’émission de près de 16 000 tonnes métriques de CO2.
Le Secrétaire général de l’AFRAA, Abdérahmane Berthé, a salué cette étape comme un « tournant pour l’aviation africaine », soulignant qu’elle est le fruit d’une collaboration étroite entre les exploitants aériens et les prestataires de services de navigation aérienne.
La Vision d’un Continent Intégré
Cette modernisation des cieux africains n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit pleinement dans la vision panafricaine du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Comme l’a rappelé Kanayo Awani, Vice-présidente exécutive d’Afreximbank (qui soutient le projet), des services aériens efficaces sont la clé pour fluidifier le commerce intra-africain et stimuler le tourisme, deux piliers de l’intégration économique souhaitée.
Vers une généralisation à l’horizon 2026
Pour l’heure, six grandes compagnies africaines — dont Ethiopian Airlines, Kenya Airways, EGYPTAIR, Royal Air Maroc, RwandAir et ASKY Airlines — ont déjà été autorisées à opérer sur une trentaine de liaisons clés.
Depuis fin octobre 2025, toute compagnie peut d’ores et déjà demander à opérer des routes privilégiées. Les prestataires de services de navigation se sont engagés à répondre aux nouvelles demandes en moins de 48 heures. Mieux encore, l’AFRAA prévoit qu’à partir de la mi-2026, l’approbation préalable ne sera même plus nécessaire.
L’objectif à long terme est clair : étendre ce système à l’Afrique orientale et australe (ESAF) dès 2026. Le ciel africain se prépare à devenir un espace harmonisé, plus rapide et plus rentable, affirmant ainsi la compétitivité du continent sur la scène aérienne mondiale.
