AVIGNON – Les klaxons des tracteurs ont résonné jusque derrière les remparts. Ce lundi, la cité des Papes s’est transformée en bastion de la contestation paysanne. Des dizaines d’agriculteurs ont investi le centre-ville pour dénoncer la politique sanitaire du gouvernement face à la dermatose nodulaire bovine, une maladie qui impose actuellement l’abattage systématique des troupeaux.
L’euthanasie plutôt que la vaccination : le point de rupture
Le cortège, composé de dizaines d’engins agricoles, arborait des banderoles explicites : « Non au massacre total » ou encore « Fermiers en colère ». À l’origine de ce mouvement : la décision récente de l’État d’euthanasier 200 vaches dans le sud de la France.
Pour Didier Burn, agriculteur présent dans le cortège, la gestion de cette crise sanitaire est dictée par des intérêts commerciaux plutôt que par le bien-être animal ou la survie des exploitations.
« Tous les animaux du troupeau sont exterminés, même s’ils peuvent être vaccinés. L’État a mis en place une politique contraire à la vaccination, à savoir l’euthanasie de tout le troupeau. C’est une stratégie pour éviter les restrictions à l’exportation des animaux vaccinés, mais elle détruit nos moyens de subsistance. »
Un malaise profond : entre normes et concurrence déloyale
Si l’abattage sanitaire a mis le feu aux poudres, la contestation embrasse des thématiques plus larges qui empoisonnent le quotidien des éleveurs depuis plusieurs mois :
– Libéralisation commerciale : La crainte des accords avec les pays d’Amérique du Sud (Mercosur), qui pourraient inonder le marché de viande à bas prix.
– Pression environnementale : Des restrictions de déplacement et des normes écologiques jugées « étouffantes » pour les petites et moyennes structures.
– Compétitivité : Les importations massives qui tirent les prix locaux vers le bas.
Focus : Qu’est-ce que la dermatose nodulaire bovine ?
Note de la rédaction : La dermatose nodulaire bovine est une maladie virale transmise par des insectes piqueurs. Bien qu’elle soit rarement mortelle pour l’homme, elle provoque des pertes économiques majeures (baisse de production de lait, lésions cutanées). La France tente de conserver son statut « indemne » pour protéger ses exportations de bétail vif.
Et maintenant ?
Le mouvement d’Avignon n’est qu’un maillon d’une chaîne de protestations qui s’étend à travers tout l’Hexagone. Les syndicats agricoles n’excluent pas de durcir le ton si le ministère de l’Agriculture ne révise pas ses mandats de déplacement et sa politique de « vide sanitaire » immédiat.