L’escalade militaire entre le Cambodge et la Thaïlande a basculé dans une tragédie humanitaire sans précédent. Selon les derniers rapports, plus de 403 000 civils ont été déplacés dans le nord-ouest du pays. Dans le district de Sreysnam, des convois de familles épuisées arrivent par milliers, fuyant les drones et les frappes aériennes qui déchirent la zone frontalière.
« On ne peut pas se cacher des avions »
Dans les campements de fortune, la peur est palpable. Les témoignages recueillis sur place décrivent des scènes de panique pure face à une guerre technologique qui ne laisse aucun répit.
« À cause des avions et des drones, nous avons dû courir et nous cacher dans les buissons pleins de piquants et de grosses fourmis rouges. Nous ne pouvions ni manger ni boire d’eau », confie Ev Nhanh, une habitante qui a fui sous les bombes.
Pour les survivants, la menace venant du ciel est la plus terrifiante. « Si c’est un bombardement classique, on sait à quoi s’attendre. Mais les bombes larguées depuis des avions, on ne peut pas totalement s’en cacher », explique un autre réfugié.
Le spectre des Khmers rouges
Pour les plus anciens, ce conflit réveille des traumatismes que l’on croyait appartenir au passé. Chin Yin, un habitant âgé dont le visage est marqué par les épreuves, dresse un parallèle glaçant :
« J’ai l’expérience de fuir à travers de nombreuses générations. J’ai fui sous le régime des Khmers rouges, et aussi lors des guerres ultérieures. »
Un bilan humain qui s’alourdit
Le conflit a pris une tournure sanglante la semaine dernière après une attaque cambodgienne présumée ayant blessé deux soldats thaïlandais. La riposte de Bangkok a été immédiate et dévastatrice. 11 civils cambodgiens tués tandis que côté thaïlandais on dénombre 4 civils tués et 11 militaires.
L’échec de la diplomatie américaine
Cette reprise des hostilités marque l’effondrement brutal du cessez-le-feu de Kuala Lumpur, signé il y a seulement six semaines sous l’égide des États-Unis et de la Malaisie.
Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi avoir tenté de « redresser » la situation, sans succès apparent sur le terrain. Les déplacés, eux, n’ont qu’un seul mot à la bouche : le cessez-le-feu. « Je demande la paix pour que nous puissions enfin vivre ensemble », implore Ev Nhanh.