Pour ces élections européennes, l’extrême droite a obtenu 30 députés sur les 80 sièges que détient la France. Une victoire somme toute importante, mais qui ne doit pas inquiéter les Etats francophones d’Afrique. Il faut d’ores et déjà rappeler que, de façon classique, les relations entre la France et les Etats africains de l’espace francophone sont organisées au travers des relations bilatérales, dans le cadre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et des relations entre organisations interétatiques, Union européenne notamment et les organisations d’intégration africaine (UA, CEDEAO, CEMAC…).
Et donc, ce sont des relations, qui ont tellement évolué de sorte que l’arrivée au pouvoir de Rassemblement National pourrait impacter et influencer de façon significative le fonctionnement ou la vie des Etats africains. A priori, l’Afrique francophone ne saurait craindre l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite à travers le Rassemblement national en France. La France et les Etats francophones d’Afrique étant regroupés dans une organisation (OIF), chacun a des engagements à respecter envers l’autre. En plus, au regard du fonctionnement du régime semi-présidentiel, c’est Emmanuel Macron qui conserve la main en ce qui concerne les relations internationales. Par conséquent, le Premier ministre du Rassemblement national ou de l’extrême droite ne pourra influencer quoi que ce soit.
L’extrême droite est minoritaire au parlement européen et c’est la droite républicaine et classique qui est majoritaire. Rien ne saurait changer de façon significative puisque ce Parlement traite avec des organisations comme Union africaine (UA), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore la CEMAC. L’extrême droite a certes remporté une victoire importante, mais c’est sa troisième victoire consécutive lors des trois dernières élections européennes. Et ça n’a rien changé dans le fond. Cette victoire est relative. L’extrême droite n’ayant pas encore pris le pouvoir en France.
Le taux de participation est historique (51,83%), cela veut dire que la tendance réelle en France va vers le vote de rupture, le vote antisystème, vu le fait que les Français ont essayé la droite républicaine, le centre-droit, la gauche socialiste, le socialiste-communiste, le socialiste-communiste écologique, mais ça n’a pas servi à grand-chose parce que tous menaient les mêmes politiques avec la même obsession de remettre sur table les mêmes politiques publiques en assujettissant certains paradigmes de la gouvernance nationale en Europe. Et donc beaucoup de Français ont estimé que ces politiques ont été inefficaces, notamment pour la gestion de la Politique agricole commune (PAC) d’un côté, la question ukrainienne de l’autre avec la menace nucléaire d’une guerre mondiale contre la Russie.
Le rêve initial des Français et d’ailleurs de toute l’Europe était d’avoir une monnaie forte, une stabilité, une maîtrise de l’inflation, des prix, etc. Le rêve européen de la modernité, du développement du mieux-être ne s’est pas transformé de façon qualitative pour la plupart des citoyens européens, notamment français. Ils estiment aujourd’hui que peut-être le fait de vouloir de rabibocher avec le discours populiste de l’extrême droite serait une bouée de sauvetage pour ces adeptes. Le résultat sur le terrain n’est pas ça, cette France-là et cette Europe-là n’effraient pas l’Afrique, qui petit à petit tisse d’ailleurs la toile de son indépendance nouvelle.