Des financements, oui mais, pour les Etats affides
Par sa prestance et son éloquence, le Président Touadéra a capté l’attention de l’assistance, à la Tribune des Nations-Unies. Le Chef de l’Etat Centrafricain a salué et félicité les avancées de son pays, notamment la naissance de la 7e République, celle qui ouvre la voie à la révolution, mais aussi la renaissance du Conseil Economique Social et Environnemental. Si son discours est vu comme l’allocution de toutes les dénonciations, c’est que le Président Centrafricain s’est adressé de façon franche en pointant du doigt, l’injustice à laquelle est confrontée l’Afrique au sein même d’une organisation qui se dit chapelle de la justice et l’égalité pour tous.
Il a dénoncé l’absence des pays africains ou représentations au sein du conseil de sécurité, interrogeant le fait que 5 pays soient tenus en maitres du monde, « ils sont dotés chacun d’un instrument imparable : le droit de véto, mieux le droit d’imposer ou de lever l’embargo en fonction de leurs intérêts géostratégiques, de déclencher des guerres contre d’autres Etats au nom de la démocratie et d’un droit international à géométrie variable ».
C’est sans détour que le Président Touadéra, a dénoncé les aides ciblés vers les Etats dociles et vers les Etats protecteurs de conflits. En effet, la mobilisation des fonds et autres financements venant des grandes puissances possèdent des conditionnalités ignobles. Il faut être, soit un Etat « adoubé », soit un docile aux puissances occidentales pour en bénéficier, et pourtant dénuée en réalité de toute gratuité.
Une injustice imparable pendant plusieurs décennies
Les moyens qui devaient être mobilisés pour la construction économique, la mise sur pied d’infrastructures ou encore l’industrialisation « ont été mobilisés en moins d’un an, pour financer la guerre en Ukraine. » selon le Chef de l’Etat du Centrafrique qui n’a pas manqué de revenir sur la dette publique du pays qui s’élève à un montant compris entre 500 milliards et 1000 milliards de Francs CFA. En ces paroles, il serait déroutant et erroné de déceler des plaintes qui visent à faire passer l’Afrique pour la mendiante, mais plutôt, l’annonce d’un nouvel ordre mondial dont la Centrafrique ne compte pas rester en marge, puisqu’il décrit un modèle anti évolution qui perdure depuis « trois quart de siècle dans une subtilité indescriptible ».
Le Pr Faustin Archange Touadéra, d’un ton froid et fière, a annoncé l’effondrement du monde injuste dans lequel les pays en voie de développement se voient ralentis et menacés de sanctions à tout vent, et vanté la succession d’un monde multipolaire où les pays longtemps victimes pourront « expérimenter de nouveaux modèles économiques et politiques différents de ceux imposés par les institutions que sont l’ONU, La Banque Mondiale, le Fonds monétaire international » Ces mêmes institutions accusées de soutenir et d’entretenir les guerres, les rebelles sur le territoire africains pour des causes purement géopolitiques.
Dans son discours à la Tribune des Nations-Unies, le Président en exercice de la CEMAC, a appelé les dirigeants africains à repenser leur façon de gouverner en inscrivant en pole position le peuple et ses aspirations ; en arrêtant de considérer leurs prédécesseurs comme « seuls coupables de la descente aux enfers de nos Etats » ; en étant « prompte à démêler les intérêts de son peuple ainsi que les moyens de les satisfaire, dans un contexte de confrontation géopolitique et géostratégique ».
Le Président Centrafricain a encore prouvé qu’il est de ceux qui travaillent à la Révolution et à l’Indépendance de l’Afrique. Rien ne pourrait le dérouter de ce chemin, même pas une furtive visite à l’Elysée où des ultimatums de puissances déclassées.