La République démocratique du Congo envisage une fois de plus le départ de la Monusco. Le débat a été remis sur la table lors d’une conférence de presse conjointe tenue par le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya et la Cheffe de la Monusco, Bintou Keita. Le gouvernement a rappelé que la décision de faire partir la force onusienne émanait de la volonté du peuple. La Monusco estime quant à elle qu’il lui faudrait du temps pour un départ « digne et apaisé ».
A Kinshasa, le retrait de la Monusco est en débat. Le gouvernement estime qu’il est temps pour son armée de « reprendre les missions régaliennes », c’est ce qui ressort des propos du porte-parole Patrick Muyaya à la conférence de presse conjointe tenue le 19 juin dernier en compagnie de la cheffe de la Monusco Bintu Keita. La question discutée depuis 2022, n’avait pas abouti à une conclusion concrète, la mission onusienne toujours sur le sol congolais, malgré les multiples demandes de départ venant des populations exacerbées par la situation sécuritaire précaire dans l’Est du pays.
En effet, en novembre 2022, le premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde présidait une réunion en rapport avec le retrait de la force onusienne, et pourtant par la même occasion, le mandat de la Monusco était en voie d’être renouvelé avec pour nouvelle disposition, d’inclure des troupes congolaises au sein de la mission.
Quelques mois plus tard, le gouvernement congolais est sous pression, au vu des actes posés à l’extérieur de son pays par des nations qui se dotent de souveraineté et de liberté en retirant de leur territoire la mission onusienne. C’est le cas du Mali le 16 juin dernier qui a pris cette décision salutaire au conseil de sécurité de l’ONU. Mais également pressé par le peuple assoiffé de sécurité, de souveraineté et de liberté, sans omettre la classe politique de l’opposition qui réclame le retour au calme dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Le pouvoir dirigé par le président Felix Antoine Tshisekedi entend mettre les bouchées doubles pour résoudre la crise avec le M23, en multipliant des actions, même si pas toujours cohérentes telles l’invitation à la CPI de se saisir du dossier M23, ou encore la décision de faire partir la force spéciale de l’Afrique de l’Est.
« Le départ de la monusco est déjà déclenché, mais il faut un retrait digne et pacifique. On ne démantèle pas une mission en un jour », a déclaré Bintou Keita, cheffe de la mission onusienne en exigeant une montée en puissance des FARDC dans les camps des réfugiés et déplacés installés et gardés par la Monusco.
Elle renchérit en précisant que la Monusco pourrait se retirer si jamais : la réduction sensible des menaces liées aux groupes armés grâce à une approche globale est constatée sur le terrain mais aussi la mise en œuvre opérationnelle du Programme P-DDRCS, et la tenue des élections crédibles, transparentes, pacifiques dans les délais…
Et pourtant le porte-parole du gouvernement, M. Muyaya rassure que cette décision émane de la volonté du peuple que le pouvoir est tenu de respecter. A la fin de la conférence, aucune date n’a été fixée pour le départ de la Monusco, mais on peut dire que la machine est en marche, la mission se prépare à un départ imminent et appelle au respect des processus de Nairobi et de Luanda.