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La Note : L’homme ou le système ?

Ce qui se passe au Gabon ne nous a pas encore livré tout son sens. Certains commentateurs hâtifs s’exposent à être contredits par la vérité lorsque les jours à venir nous la dévoileront. Quant à moi je m’efforce à dissocier les deux objets de cet épisode : l’homme, Ali Bongo, et le système Bongo en place depuis Omar. Et de me poser la question : qu’est ce qui était le plus détestable? Qu’est ce qui passe et qu’est ce qui reste ? Quels sont les futurs possibles du Gabon? J’ai la faiblesse de penser que c’est le système qui paradoxalement va recevoir, avec ce pronunciamiento,  un coup  de fouet est en train de se consolider, une réalité masquée par la fumée de l’hilarité suscitée par la chute cocasse de l’homme, quelqu’un à qui secrètement était reproché d’être né avec une cuillère en or à la bouche.

Le système Bongo qui pourra perdurer c’est d’ abord la mainmise des Teke sur le pouvoir et la tenue à l’ écart des Fang pourtant majoritaire. Depuis la mort de Léon Mba, la dynamique politique du Gabon a entretenu cet état de fait qui avait toutes les chances d’évoluer cette fois de  si on avait écouté les urnes. Il est toutefois important de souligner que le Général Nguema présente l’avantage d’être un métis ethnique, de père Fang du Woleu Ntem et mère Teke du Haut Ougoue, région d’origine du clan Bongo. Cette caractéristique pourra contribuer à atténuer l’accusation de la confiscation du pouvoir par les Bateke, encore que certains feront valoir qu’il a bénéficié de la bienveillante protection du clan de sa mère et bien que son père en tant officier général n’était pas un « no name ».

Au-delà de ce prisme de la  lecture tribalo- régionale habituelle à l’ analyse politique de nos pays,  ce que certains continuent d’ appeler  «  tentative de coup d’état » pourrait être une mise en scène orchestrée pour ne pas avoir à rejouer l’ esbroufe d’ imposer à nouveau Ali Bongo au pouvoir comme cela s’est fait lors de la dernière élection présidentielle ou d’ entendre la clameur de la victoire d’ une opposition à qui une légitimité brillamment acquise aurait donné des ailes pour tous les espoirs et d’ éventuelles remises en question des alliances politiques et stratégiques. En favorisant le transfert du pouvoir à une caste militaire allaitée au « bongoisme » depuis sa prime enfance, ceux qu’ on dit avoir des intérêts vitaux  au Gabon s’évitent les transes d’une incertitude qui serait d’ autant plus insupportable qu’ avec un Niger aux relations incertaines, le Gabon est une source d’ approvisionnement en uranium pour la France, les gisements de RDC dont la production a permis la fabrication des bombes d’ Hiroshima et de Nagasaki étant contrôlés par les USA, une des raisons cachées de l’ élimination violentes de Patrice Lumumba.

Celui que nous appellerons le «  grand organisateur » semble donc avoir  fait le choix de renouveler une variante d’un coup gagnant expérimenté il y a deux ans dans un pays de la sous-région en soutenant un changement qui avait de solides fondations dans la continuité. Car, si on juge la personne Ali Bongo, les résultats de sa gestion a la tête du Gabon n’auront pas été aussi catastrophiques qu’on pourrait le dire. Pour ceux comme moi qui ont connu ce pays dans les années 80-90, tant au niveau des infrastructures que de la diversification de l’économie, le Gabon a connu des avancées significatives. Un des exemples le plus marquants a été de le  voir devenir en moins d’une décennie exportateur d’ huile de palme vers le Cameroun dont certaines usines comme la CCC fermaient les portes pour manque de matières premières justement.

 Une analyse plus élargie de l’économie relèvera d’autres réalisations qui dénotent autant d’avancées significatives. Il faut ajouter à cela la manière de faire la politique d’Ali où se cultivait une plus grande proximité avec les populations. Malheureusement, l’homme traînait le handicap de l’héritage de plusieurs décennies de gaspillage et de concussion, auquel est venu se greffer un handicap physique incapacitant. En définitive, l’heure était venu pour que lui de partir. Il a commis l’erreur de ne pas le comprendre mais, les circonstances le lui imposent. Tant mieux pour le Gabon. Toutefois,  la survivance du système dans lequel il a grandi pourra représenter une grande contrariété pour le pays. Le consensus de la caste militaire qui s’accapare des rennes de l’État pourra en effet être le lit  de la perpétuation de pratiques qui ont causé beaucoup de tort et de retard à ce pays naguère appelé «  Koweït du golfe de Guinée ». Touchons donc du bois pour que le départ de l’homme ne favorise pas la survivance du système, afin que le Gabon, pays frère, engage sa marche vers la lumière du progrès.

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