Dans la capitale malgache, hier, mercredi 10 novembre, s’est clôturé le premier atelier dédié à 100% aux activistes locaux. Organisées par Civicus, l’alliance mondiale dédiée au renforcement de l’action citoyenne, ces deux journées devaient permettre de mettre en relation la quarantaine de participants avec des organisations internationales, spécialisées dans des domaines divers, et leur permettre de glaner ainsi informations et appuis financiers. Un atelier instructif et vivifiant pour des militants souvent livrés à eux-mêmes, et bien souvent menacés.
Il est le doyen des activistes présents. Admiré pour son courage et sa ténacité. Thomas Razafindremaka lutte depuis trente ans contre l’accaparement des terres des petits paysans dans le Grand Sud. Son réseau, c’est ce qui l’a sauvé, il y a deux ans, quand son combat a commencé à trop déranger : « Quand j’ai été arrêté en 2019 et mis en prison, ce qui a joué en ma faveur, c’est ma notoriété et aussi la solidarité de la société civile et des médias qui ont parlé de cette affaire. Il y a également les organismes internationaux – Front Line Defenders et le Haut-commissariat aux droits de l’homme – qui sont venus à mon secours. »
Il y a deux décennies, explique-t-il, les risques encourus par les activistes étaient moindres. Aussi incite-t-il les jeunes à prendre deux précautions : « Mon conseil, c’est de se rassembler pour dénoncer à plusieurs. Comme ça l’État, les autorités ne peuvent pas cibler une (seule) personne. Après, il faut toujours avoir une protection à Madagascar, comme une collaboration avec Amnesty International par exemple ou bien avec d’autres organismes internationaux. Sinon c’est trop dangereux. »
Apprendre
Le genre d’informations dont Rany, militant depuis deux ans contre les discriminations et le harcèlement, est friand. Il essaie de participer – au maximum – aux rencontres avec ses pairs pour « réseauter » et apprendre des expériences de ses frères d’armes : « L’important c’est de connaître les petites astuces, les petits trucs pour avancer, surtout si on manque de financements. À cet atelier, j’ai ainsi pu comprendre comment certains agissaient en brousse, quand on est face aux autorités traditionnelles. Comment communiquer avec elles ? Qui aller saluer en premier ? Quelles sont les traditions à respecter ? »
Quant aux organisateurs de la rencontre, comme Mahaliana Rabary-Ranovona, de l’ONG Ivorary, il s’agissait également de cerner les besoins des participants : « L’atelier a mis en exergue, les difficultés tant psychologiques, physiques, que financières, que les activistes subissent. Ils ont parlé de l’insécurité par rapport à leur personne, aux agressions physiques, policières, du manque d’écoute à leur égard de la part de l’opinion publique. Evidemment, le manque d’argent, de matériel, revient souvent. Mais il y a aussi une demande pour du renforcement de capacité, ou d’aide de la part de juristes pour une meilleure connaissance de la loi. »
Projet dupliqué
Ce projet devrait être dupliqué dans d’autres régions, où les activistes sont beaucoup plus isolés. Pour rappel, à ce jour, aucune loi ne protège les lanceurs d’alerte dans le pays.