Afin d’améliorer leur performance et de combler le déficit de production alimentaire dans le pays, le gouvernement camerounais prévoit de revoir le système de subvention des entreprises publiques du secteur agricole.
A en croire le ministre de l’Économie de la planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, l’objectif de cette réforme structurelle est d’assurer un retour sur investissement en mettant en place des fonds revolving. Le Cameroun fait face à un déficit de production alimentaire, avec une demande nationale croissante qui dépasse largement la capacité de production des denrées telles que le riz, le maïs, l’huile de palme, le mil, le sorgho, etc.
Les importations sont donc utilisées pour combler cette lacune, ce qui contribue à creuser le déficit de la balance commerciale du pays. Afin d’inverser cette tendance, le plan de relance préconise le développement structurel des filières agricoles concernées. Il propose la mise en place d’un mécanisme visant à rendre les entreprises agricoles du secteur public (Semry, Unvda, Office Céréalier, Mirap) plus compétitives. Le plan suggère de remplacer le système de subventions par des fonds revolving, afin d’assurer un retour sur investissement et l’autonomisation de ces entités.
Le crédit revolving, également appelé crédit renouvelable, consiste en une réserve d’argent ou de crédit qui peut être utilisée par l’entreprise à tout moment. Ce type de financement est remboursable de manière flexible, soit en totalité, soit partiellement, avec des échéances comprenant les intérêts et le capital emprunté. La création de fonds revolving au sein de ces entreprises publiques devrait contribuer à améliorer leur performance et à augmenter de manière significative la production et la disponibilité des produits locaux de grande consommation sur les marchés, selon le ministère de l’Économie.
Le gouvernement prévoit que ce projet entrera en vigueur en 2025. En attendant, il est prévu d’apporter un soutien financier de 12 milliards de Fcfa à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry) par le biais d’un fonds revolving pour l’achat de 70 000 tonnes de riz paddy. De plus, 2,4 milliards de Fcfa seront accordés à l’Upper Noun Valley Development Authority (Unvda) selon le même mécanisme financier.
Cette réforme permettra de limiter les dépenses de l’État, qui alloue chaque année d’importantes ressources financières aux subventions des entreprises, dont certaines ne réalisent pas de bénéfices. Selon la Commission technique de réhabilitation des Entreprises du secteur public et parapublic (CTR), une dizaine d’entreprises agricoles ont reçu environ 7,4 milliards de Fcfa de subventions en 2022, mais seules la Semry et la Sodecoton ont enregistré des résultats nets positifs, tandis que les autres ont subi des pertes. En plus de faciliter l’accès au crédit pour les acteurs du secteur privé, le plan de relance propose également la mise en place de contrats de performance avec les structures publiques de production, de transformation et de commercialisation (Semry, Unvda, Office Céréalier, Mirap).
De plus, il est prévu la création d’un centre de formation/incubateur ou de lycées agricoles dans chacune des 10 régions du Cameroun d’ici 2026. Cette réforme vise à stimuler le secteur agricole camerounais, à renforcer la compétitivité des entreprises publiques et à assurer une production alimentaire suffisante pour répondre à la demande croissante de la population.