Le Bénin a décidé de bloquer l’acheminement du pétrole vers le Niger tant que les autorités de transition n’ouvrent pas de leur côté, les frontières avec le Bénin. Cotonou veut ainsi faire pression à Niamey pour parvenir à la levée des barrières frontalières alors que le Bénin a immédiatement ouvert de son côté après la levée des sanctions de la CEDEAO.
Le Niger ne recevra pas de sitôt le pétrole provenant de l’oléoduc Benin- Niger. C’est ce que laisse croire une décision du gouvernement béninois qui aurait notifié le 6 mai à l’ambassadeur de Chine au Benin, Peng Jingtao, de bloquer l’embarquement du pétrole nigérien, à partir de la plateforme de Sèmè Kpodji où atterrit l’oléoduc.
Il convient de rappeler que c’est la China National Petrolium Compagny qui est en charge du projet après avoir fourni 400 millions de dollars au gouvernement nigérien, au titre d’une « avance » sur ses ventes prochaines de pétrole brut. Cotonou justifie cette décision de suspension par le refus des autorités de Niamey sur l’ouverture des frontières de son côté alors que le Benin a immédiatement ouvert les siennes après la levée des sanctions de la CEDEAO.
Concrètement, les autorités béninoises interdisent l’accès à leurs eaux aux navires qui auront pour mission d’exporter le pétrole nigérien. Pétrole qui parcourt, depuis son lieu de production à Agadem au sud-est du Niger, environ 2 000 km, dont 675 en territoire béninois, avant d’arriver à sa destination finale, le port en eau profonde de Sèmè. Le pipeline devrait livrer jusqu’à 90.000 barils de pétrole par jour, après avoir atteint sa capacité nominale. Notons que les premiers litres de pétrole venus d’Agadem, sont arrivées sur le pipeline en avril dernier.
C’est donc un nouveau rebondissement de plus dans la mise en application et l’utilisation effective du pipeline qui a déjà connu de nombreuses péripéties depuis son lancement en 2021. Quand on sait que l’exploitation de ce pipeline devrait booster l’économie nigérienne et sous régionale, la réaction des autorités de transition face à la pression de Cotonou se fait attendre.