La République démocratique du Congo a interdit les activités du parti de l’ancien président Joseph Kabila, l’accusant d’avoir des liens avec le groupe rebelle M23, qui a pris le contrôle de grandes parties de l’est du pays cette année.
Cette interdiction survient alors que M. Kabila serait revenu dans le pays après avoir passé deux ans en Afrique du Sud. Il serait revenu à Goma, une ville contrôlée depuis janvier par le M23, un mouvement soutenu par le Rwanda.
Joseph Kabila a dirigé la RDC pendant dix-huit ans, après avoir succédé à son père Laurent. Il n’avait que 29 ans à l’époque. Le ministère de l’Intérieur déclare, dans un communiqué, que toutes les activités du PPRD sont interdites en raison de son « attitude ambiguë » face à l’occupation d’une partie du territoire congolais par le M23. Il estime que M. Kabila a choisi de retourner à Goma parce qu’il est protégé par « l’ennemi », dans cette ville située dans l’est du pays.Le PPRD n’a pas réagi publiquement à la décision du ministère de l’Intérieur. Vendredi 18 avril, le gouvernement a accusé l’ex-président âgé de 53 ans de haute trahison et a ordonné la saisie de tous ses biens. Cependant, Joseph Kabila a déclaré plus tôt, ce mois-ci, qu’il retournerait dans son pays. Des responsables du PPRD ont démenti la rumeur faisant état de sa présence à Goma.Samedi 19 avril, son porte-parole, Barbara Nzimbi, a annoncé sur X que M. Kabila s’adresserait à la nation dans les prochaines heures ou les jours à venir. Le porte-parole du M23 n’a ni confirmé ni démenti la présence de l’ex-président à Goma. « Je ne vois aucun problème à ce qu’il soit ici », a-t-il dit.
Qui est Joseph Kabila ?
Après avoir prêté serment en tant que président, à la suite de la mort de son père, il a remporté deux fois l’élection présidentielle. Son dernier mandat a officiellement pris fin en décembre 2016, mais Joseph Kabila avait refusé de démissionner, affirmant qu’il n’était pas possible d’organiser l’élection présidentielle, ce qui a conduit à des violences meurtrières. Il est resté au pouvoir pendant deux années supplémentaires, avant d’organiser l’élection présidentielle en décembre 2018. En janvier 2019, il a remis le pouvoir à Félix Tshisekedi, le vainqueur officiel du scrutin contesté, que de nombreux observateurs électoraux ont déclaré avoir été remportés par Martin Fayulu. Ce dernier a accusé Joseph Kabila et Félix Tshisekedi d’avoir conclu un accord pour l’exclure du pouvoir – ce que les deux hommes ont nié. Mais les relations entre les deux hommes, M. Kabila et son successeur, se sont détériorées. La coalition réunissant les partis des deux leaders politiques a été officiellement dissoute en décembre 2020. M. Kabila a ensuite quitté la RDC en 2023, officiellement pour étudier en Afrique du Sud. En janvier 2024, sa thèse de doctorat sur la géopolitique des relations africaines avec les États-Unis, la Chine et la Russie a été « validée » à l’Université de Johannesburg.
Pourquoi Joseph Kabila serait-il revenu ?
Dans une déclaration écrite, Joseph Kabila a dit qu’il avait le désir d’aider à résoudre la crise institutionnelle et sécuritaire en RDC. Il a également déclaré au magazine Jeune Afrique qu’il voulait « jouer un rôle dans la recherche d’une solution, après six ans de retraite complète et une année d’exil ». Mais Ben Radley, économiste politique et enseignant à l’Université de Bath, en Angleterre, rappelle que Corneille Nangaa, chef d’un mouvement politique qui inclut le M23, était à la tête de la commission électorale congolaise, lorsque M. Kabila dirigeait le pays.
Il décrit M. Nangaa comme un « proche allié » de l’ex-président de la RDC. « La continuité historique avec son père, Laurent Kabila, qui est également entré au Congo par l’est à la fin des années 1990 dans sa marche vers la présidence, est également dans l’esprit de nombreux Congolais », a dit M. Radley .
