La Turquie, sous la houlette du Président Recep Tayyip Erdoğan, a intensifié sa politique d’ouverture vers le continent africain ces dernières années, et le Mali ne fait pas exception. Ankara cherche à consolider ses liens économiques, sécuritaires et culturels, offrant une alternative aux partenariats traditionnels. La visite de Burhanettin Duran est une illustration de cette ambition. Les discussions entre le vice-ministre turc et les autorités maliennes dont le ministre des affaires étrangères et l’audience accordée par le président du Mali Assimi Goïta ont probablement porté sur plusieurs axes de coopération. Sur le plan économique, la Turquie est déjà présente au Mali à travers des investissements dans le bâtiment, l’énergie et le commerce. L’un des enjeux majeurs de cette visite est sans doute d’explorer de nouvelles opportunités d’affaires et de renforcer les échanges commerciaux, notamment dans les secteurs où la Turquie a une expertise reconnue. En matière de sécurité, la situation au Sahel, et particulièrement au Mali, reste une préoccupation majeure. Bien que la Turquie n’ait pas de présence militaire directe significative au Mali, elle pourrait offrir son expertise en matière de formation des forces de sécurité et de lutte contre le terrorisme, un domaine où Ankara a développé des compétences. Le dialogue sur ces questions est crucial pour la stabilité régionale. Il s’avère important de relever que, la visite de Burhanettin Duran intervient à un moment où le Mali redéfinit ses partenariats internationaux. Après le retrait progressif des forces françaises et la réorientation de sa politique étrangère, Bamako est en quête de nouveaux alliés et de partenaires pour soutenir son développement et sa sécurité. La Turquie, avec son modèle de puissance émergente et sa volonté d’affirmer son influence, se positionne comme un acteur de plus en plus pertinent. Une dynamique qui soulève plusieurs interrogations. En premier figure, la diversification des partenaires. Pour le Mali, la Turquie représente une opportunité de diversifier ses sources de coopération et de réduire sa dépendance vis-à-vis de partenaires historiques. Cela pourrait renforcer sa souveraineté et sa marge de manœuvre sur la scène internationale. L’autre question porte sur l’influence régionale. Il faut dire que, la présence turque croissante en Afrique, et notamment au Mali, pourrait modifier l’équilibre des pouvoirs et l’influence des acteurs traditionnels dans la région. Ankara ne cache pas sa volonté de se positionner comme un acteur clé dans le monde multipolaire émergent. On peut aussi relever, la question du modèle de développement. Dans son approche, la Turquie propose un modèle de développement et de coopération basé sur une approche plus pragmatique et moins conditionnelle que certains partenaires occidentaux, ce qui pourrait séduire les pays africains en quête de développement autonome. L’accent peut être mis aussi, sur les défis et opportunités. En effet, si cette visite ouvre de nouvelles perspectives pour le Mali, elle soulève également des défis. Il sera essentiel pour Bamako de s’assurer que ces partenariats bénéficient véritablement au peuple malien et respectent ses intérêts nationaux. Toute somme faite, la visite du vice-ministre turc des Affaires étrangères, Burhanettin Duran, au Mali, n’est pas un simple acte protocolaire. Elle témoigne d’une volonté mutuelle de renforcer des liens stratégiques et marque une étape supplémentaire dans l’affirmation de la Turquie sur le continent africain, tout en offrant au Mali et certainement aux pays de l’AES des opportunités de diversifier ses partenariats dans un environnement géopolitique en constante évolution.