L’appel de la Commission de l’Union africaine (UA) pour une intervention internationale urgente au Mali met en lumière de manière cinglante le manque de crédibilité et la politique inégale de l’organisation. Si l’UA exprime une profonde préoccupation et appelle à une réponse coordonnée contre le terrorisme, cette démarche est perçue par beaucoup comme une fuite en avant qui néglige les principes fondamentaux de la résolution des problèmes africains par les Africains.
Le Manque de Crédibilité et la Politique à Géométrie Variable de l’UA
L’action de l’UA est fortement fustigée par son silence assourdissant sur d’autres foyers de tensions majeurs sur le continent.
* En effet, l’UA est étrangement muette ou d’une passivité déconcertante face aux crises humanitaires et sécuritaires qui déchirent le Soudan et la République Démocratique du Congo (RDC). Cette politique à géométrie variable interroge : pourquoi une urgence et un appel à l’international pour le Mali, et une telle discrétion, voire une indifférence, face aux massacres de civils et aux déplacements massifs dans ces autres nations ? Cette incohérence mine sérieusement la légitimité de l’Union en tant que garant panafricain de la paix et de la sécurité.
* Aussi, le fait que l’UA doive exhorter la communauté internationale à agir, plutôt que d’être elle-même la force motrice d’une solution régionale africaine, souligne son incapacité à mobiliser efficacement ses propres ressources et ses États membres pour répondre aux défis du continent.
🇲🇱 Les Efforts Maliens Face aux Défis Sécuritaires
Il est essentiel de mettre en avant les efforts déployés par les autorités maliennes pour faire face aux défis sécuritaires sur leur territoire.
* En dépit d’un contexte extrêmement difficile notamment le locus des carburants et les attaques terroristes, les autorités maliennes ont pris des mesures énergiques pour restructurer et renforcer leurs forces armées. Ces efforts sont souvent menés dans un esprit de souveraineté retrouvée, visant à reprendre le contrôle du territoire et à assurer la protection des civils, même au prix de relations tendues avec certains partenaires traditionnels.
* Résultat des course, tout porte à croire que l’appel de l’UA à une intervention internationale peut être perçu comme une minimisation des sacrifices et des actions menées par le gouvernement malien qui cherche, par des moyens propres et des partenariats renouvelés, à répondre directement à la menace djihadiste et à l’instabilité chronique.
Principes de Souveraineté et d’Ingérence : L’Afrique aux Africains
L’Union africaine doit être fermement rappelée à ses propres idéaux et au principe cardinal selon lequel les problèmes des Africains doivent être résolus en Afrique.
* Car, l’appel à une intervention internationale est un affaiblissement du principe de souveraineté des États africains. Si la solidarité internationale est nécessaire, l’impératif premier doit être une solution africaine et une capacité d’action autonome de l’Union. La non-ingérence dans les affaires intérieures, tout en étant confrontée à l’obligation de protéger, doit se traduire par un renforcement de la capacité africaine de médiation et d’intervention, et non par une demande systématique de secours extérieur.
* Par ailleurs, l’histoire du continent a montré que les interventions internationales, même bien intentionnées, peuvent compliquer les dynamiques locales et nuire à la construction d’une solution politique durable ancrée dans les réalités nationales. L’UA, en tant qu’entité continentale, doit privilégier les mécanismes de coopération régionale et de soutien intra-africain pour renforcer les États membres comme le Mali, plutôt que d’ouvrir la porte à une ingérence qui risque de diluer les responsabilités africaines.
En définitive, l’Union Africaine doit cesser d’être un simple caisse de résonance des préoccupations internationales et se muer en un véritable acteur stratégique et opérationnel qui applique une ligne de conduite cohérente et équitable sur tout le continent, en respectant et en faisant respecter la souveraineté de ses membres face aux défis sécuritaires.