L’Assemblée nationale française a été le théâtre d’une séance exceptionnelle et houleuse mercredi, au cours de laquelle les députés ont voté la suspension de la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, visant à relever l’âge de départ de 62 à 64 ans, jusqu’en 2028. Cette décision, soutenue par le Rassemblement national et les socialistes, marque un nouveau revers politique majeur pour le gouvernement, d’autant plus que le président Macron a perdu sa majorité parlementaire. La députée Sandrine Rousseau (EELV) a fortement critiqué la réforme, rappelant qu’elle avait engendré une tension nationale « incroyable » et mobilisé des millions de manifestants, une ampleur inédite « depuis 1968 ». Elle a également interpellé le gouvernement sur le financement du coût de ce report en 2026 et 2027, craignant que les mesures nécessaires ne se fassent au détriment des plus vulnérables.
Le débat a rapidement dégénéré en confrontation verbale. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a dû intervenir fermement après que le député Gerault Verny (UDR) ait reproché à Sandrine Rousseau de « crier » et lui ait demandé de « baisser le micro ». Jugeant l’attaque « insupportable » et « honteuse », Mme Braun-Pivet a rappelé M. Verny à l’ordre, dénonçant sans équivoque des « attaques sexistes » dans l’enceinte du Parlement. Malgré cette atmosphère électrique, le vote a confirmé la volonté d’une majorité de l’Assemblée de bloquer la réforme : les amendements visant à lever la suspension ont été massivement rejetés (266 voix contre 70), et la suspension elle-même a été adoptée en première lecture par 255 voix pour et 146 contre.
Cette situation politique explosive se déroule dans un contexte budgétaire tendu, où le gouvernement est contraint de jongler avec des priorités conflictuelles. Le projet de budget 2026 du Premier ministre Sébastien Lecornu donne la priorité à l’augmentation des dépenses militaires, conformément aux engagements de la France envers l’OTAN et la défense européenne, tandis que les dépenses sociales font l’objet de fortes coupes. Le blocage parlementaire sur les retraites et la perte de majorité empêchent le gouvernement d’adopter facilement les mesures d’austérité nécessaires pour réduire le déficit public et la dette, rendant la gestion des finances publiques particulièrement difficile.