La guerre civile soudanaise, théâtre d’une violence inouïe depuis avril 2023, vient de susciter une condamnation ferme et inhabituelle de la part de Moscou. La Russie, par la voix de sa porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a haussé le ton, exigeant non seulement un « cessez-le-feu immédiat » mais aussi des « poursuites contre les auteurs de violations » ciblant les civils.
Un tournant dans la crise : Les massacres du Darfour
Cette prise de position intervient alors que les combats font rage entre les forces armées soudanaises, fidèles au général Abdel Fattah al-Burhan, et les puissants rebelles des Forces de soutien rapide (FSR), menées par Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemedti. Le point de bascule récent qui a sans doute précipité cette réaction est la chute d’El-Fasher au Darfour, fin octobre. Après un siège de 18 mois, les FSR ont pris cette ville stratégique, un événement immédiatement suivi par des signalements de massacres de civils par de multiples organisations locales et internationales. La gravité des crimes dénoncés met la communauté internationale face à une nouvelle escalade de la violence.
L’appel à la politique : Moscou pousse les acteurs soudanais
Au-delà de l’urgence sécuritaire, Moscou insiste sur la « nécessité vitale d’un processus politique mené par les Soudanais eux-mêmes ». Cette déclaration souligne la complexité de la crise, qui ne peut être résolue par la seule voie militaire. La guerre, lancée il y a plus d’un an et demi, déchire le pays et oppose deux figures qui étaient autrefois alliées. La pression russe vise donc à remettre les deux factions belligérantes sur la voie d’une solution négociée et interne, tout en mettant l’accent sur la protection des populations civiles prises au piège de ce conflit sanglant. La question qui demeure est de savoir si cet appel de Moscou sera suivi d’effets concrets sur le terrain, où les FSR continuent d’avancer face aux troupes gouvernementales.