À l’approche de la visite du président français le 23 novembre, les autorités gabonaises affichent une ambition claire : sortir des vieux schémas d’influence pour bâtir une relation d’égal à égal. Un pari diplomatique qui repose sur un socle économique toujours puissant.
C’est un message de fermeté et d’ouverture qu’envoie Libreville à quelques jours de l’arrivée d’Emmanuel Macron. Attendu ce 23 novembre, le président français ne trouvera pas un partenaire disposé à la simple continuité, mais un État qui revendique sa « souveraineté » et l’« équilibre » des échanges.
La fin de l’ingérence, le début du pragmatisme
Pour le Gabon, l’enjeu est de tourner la page des relations asymétriques héritées du passé. Les autorités locales insistent sur trois piliers pour définir cette nouvelle ère : souveraineté, équilibre et respect mutuel.
Loin d’une rupture, il s’agit d’une mise à jour du logiciel diplomatique. Libreville se dit ouvert aux partenaires internationaux, mais rejette fermement toute forme d’ingérence politique. Les discussions prévues avec l’Élysée devront donc se concentrer sur des résultats concrets et des défis communs : la protection de l’environnement, la transition énergétique ou encore la sécurité régionale.
Paris, de son côté, semble voir dans cette exigence une opportunité de transparence. Si ce modèle fonctionne, il pourrait servir de laboratoire pour redéfinir les liens souvent complexes entre la France et d’autres capitales africaines qui affirment, elles aussi, leur autonomie stratégique.
Un poids économique incontournable
Si le ton diplomatique se durcit, la réalité économique, elle, rappelle l’interdépendance des deux pays. La France reste un moteur essentiel de l’économie gabonaise, et ce, malgré la percée de la concurrence asiatique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Fin 2024, la France conservait une part de marché estimée à 16 %. Le tissu économique local est fortement imprégné par la présence tricolore : 92 entreprises françaises sont actives sur le sol gabonais. Elles génèrent près de 14 000 emplois. Leur chiffre d’affaires cumulé avoisine les 3 milliards d’euros.
1,1 milliard d’euros pour les infrastructures
Ce pragmatisme économique s’est récemment illustré lors du Forum économique Gabon-France de mai 2024. Loin des discours théoriques, cette rencontre a permis de mobiliser 739 milliards de FCFA (environ 1,1 milliard d’euros). Une manne financière destinée à des projets d’infrastructures prioritaires, preuve que le « partenariat moderne » réclamé par Libreville a déjà commencé à se traduire en investissements concrets.
La visite du 23 novembre sera donc l’occasion de vérifier si cette nouvelle doctrine — fermeté politique et accélération économique — peut s’installer durablement.