Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a secoué le sommet Union Européenne-Afrique à Luanda, en dénonçant vivement l’« ingérence » de l’UE, accusée d’avoir « considérablement perturbé » le déroulement de la rencontre. L’objet du conflit ? La tentative de l’Union d’imposer le plan de paix ukrainien soutenu par les États-Unis à l’ordre du jour africain.
S’exprimant depuis l’Angola, Robert Fico a posé un diagnostic cinglant : le Sud global n’a pas besoin de la « sagesse occidentale » pour résoudre ses problèmes. Il a affirmé que les défis africains exigent des « solutions africaines » et a relayé l’appel pressant des dirigeants du Sud à la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et à un multilatéralisme renouvelé.
La Slovaquie Tisse des Liens Historiques et Nouveaux avec l’Afrique
Malgré les tensions générées par l’UE, le Premier ministre slovaque a réaffirmé l’engagement de son pays envers l’Afrique. Fico a souligné l’héritage de l’ancienne Tchécoslovaquie, qui avait historiquement aidé de nombreux pays africains à se développer, à s’émanciper du colonialisme, et qui avait formé des étudiants africains. Pour concrétiser cette politique étrangère « souveraine, ouverte sur le monde », la Slovaquie a annoncé l’ouverture prochaine de trois nouvelles ambassades sur le continent : en Éthiopie, en Tanzanie et en Algérie. De plus, un accord d’exemption de visa pour les citoyens slovaques a été conclu avec l’Afrique du Sud, visant à stimuler les échanges commerciaux et le tourisme. Un accord pour l’établissement de relations diplomatiques a également été signé avec la République centrafricaine.
Réforme de l’ONU : Le Sud Global Réclame sa Place
Au-delà des relations bilatérales, le message politique fort du Premier ministre Fico est l’appel à une réforme profonde de l’ONU. Les pays du Sud global, a-t-il insisté, prennent de l’ampleur et veulent faire entendre leur voix. Ils « rejettent toute politique de domination d’un ou deux pays sur le monde entier ». La Slovaquie se positionne clairement en faveur d’un Conseil de sécurité de l’ONU élargi, qui inclurait les pays du Sud, notamment les nations africaines les plus influentes. Cette position s’inscrit dans la candidature de la Slovaquie à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2028-2029, candidature pour laquelle elle a conclu plusieurs accords de soutien mutuel. Le Premier ministre a conclu en évoquant ses souvenirs d’observateur électoral en Afrique du Sud en 1994, témoignant de l’avènement de Nelson Mandela et de la fin de l’apartheid, soulignant l’importance historique et l’intérêt stratégique de l’Afrique du Sud pour la Slovaquie.