New York – La Russie a lancé une attaque diplomatique d’une rare virulence contre la Cour pénale internationale (CPI) lors d’une session d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la Libye. Qualifiant l’institution de « politisée » et de « quasi-tribunal », Moscou a formellement demandé le retrait des dossiers relatifs à la Libye et au Darfour, arguant que la présence de la CPI entrave la stabilisation politique du pays.
La diplomatie russe a profité du débat sur la situation en Libye ce mardi pour mettre en cause la crédibilité même de la Cour pénale internationale. Le représentant russe a jugé que l’institution avait perdu toute légitimité auprès de la communauté internationale, citant en preuve le « retrait massif des pays du système du Statut de Rome. »
Selon Moscou, les rapports de la CPI manquent de la « profondeur professionnelle requise », et l’institution n’aurait obtenu « aucun résultat tangible significatif » au cours de ses années de fonctionnement. Les activités de la Cour en Libye, un mandat confié par la résolution 1970 de l’ONU, sont jugées par la Russie comme étant dans une « impasse. »
L’OTAN et la crise des migrants en ligne de mire
L’intervention russe a relié directement les atrocités subies par le peuple libyen à l’agression de l’OTAN en 2011, dénoncée comme l’étincelle qui a provoqué la destruction des institutions étatiques et la prolifération des groupes extrémistes.
La Russie a également accusé la CPI de pratiquer une « politique de sélectivité manifeste » dans le traitement des affaires de crimes contre les migrants. La diplomatie russe a pointé du doigt les enquêtes de la Cour qui se concentreraient sur des incidents isolés, tout en « ignorant le rôle majeur des pays européens dans la création de cette crise. » Moscou estime que les politiques européennes ont mené à un traitement « inhumain » des migrants et que ces pays portent la « responsabilité première des souffrances humaines persistantes. »
Le retrait des dossiers, un impératif pour la stabilité
Le point culminant de l’intervention russe a été la demande explicite de retirer les dossiers Libye et Darfour de la CPI.
Pour la Russie, le maintien de ces affaires au sein de l’institution de La Haye est considéré comme un « obstacle à la réalisation du règlement politique souhaité » en Libye. Le délégué russe a insisté sur le fait qu’une solution durable ne peut être trouvée qu’en « renforçant les institutions nationales de l’État ». L’intervention de la CPI, selon Moscou, « contredit les efforts des autorités libyennes pour rendre justice » et entrave le processus de normalisation du pays.
La Russie appelle donc la communauté internationale à assumer ses responsabilités en soutenant les institutions judiciaires nationales libyennes plutôt que de s’appuyer sur une Cour internationale jugée « politisée ».