L’ancien président ivoirien, définitivement blanchi par la Cour pénale internationale, dénonce ce lundi une « injustice » et appelle l’institution de La Haye à se pencher sur les « autres acteurs » du conflit de 2010-2011. Il a mandaté son avocat pour « ressaisir » la Cour.
1. Un appel à la justice lancé le jour de l’investiture d’Ouattara
L’ancien chef d’État ivoirien, Laurent Gbagbo, a choisi un moment hautement symbolique – le jour de l’investiture d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat – pour relancer le débat sur la crise post-électorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire en 2010-2011.
Dans une déclaration publique, M. Gbagbo a vertement critiqué son propre procès devant la CPI, affirmant avoir été « arrêté alors qu’il était le président légal et légitime du pays » tandis que les véritables responsables n’auraient pas été inquiétés.
»J’ai été arrêté alors que je ne suis pas le mentor de la rébellion. J’étais le président légal et légitime, mais c’est moi qui ai été arrêté, » a-t-il fait observer.
2. Le mandat donné à son avocat
Pour M. Gbagbo, son acquittement définitif, prononcé en mars 2021, ne marque pas la fin de la quête de justice, mais le début d’une nouvelle phase.
Il a ainsi demandé à son avocat, Maître Emmanuel Altit, de « ressaisir la CPI et de remettre sur la table le problème de la guerre en Côte d’Ivoire ». L’objectif est clair : « Il faut que la vérité éclate ».
L’ancien président insiste sur la nécessité de « rendre justice aux victimes et aux survivants » des violences, qui ont fait officiellement plus de 3 000 morts. Il rappelle qu’un conflit a éclaté en raison d’une rébellion qui a compliqué l’organisation de l’élection présidentielle, engendrant une dispute sur les résultats.
3. Les questions « en suspens » soulevées par Gbagbo
Au cœur de sa démarche, Laurent Gbagbo souhaite obtenir des réponses précises sur plusieurs zones d’ombre du conflit, qu’il qualifie de questions « en suspens » :
L’identité des personnes ayant conçu et financé la rébellion.
L’organisation du « génocide Wê »
Les raisons pour lesquelles l’ONU et l’Occident ont poussé à la tenue de l’élection présidentielle alors que le désarmement n’était pas achevé.
Surtout, il fustige l’absence d’enquête ou de poursuites visant les autres parties prenantes du conflit.
[A RETENIR]
« Pourquoi aucun des autres acteurs [de la crise] n’a-t-il été arrêté, ni jugé par la CPI ? Dès l’instant où j’ai été acquitté, il fallait immédiatement se mettre à rechercher les vrais coupables. »
Sa démarche d’aujourd’hui met directement la Cour pénale internationale sous pression, l’ex-président l’appelant à démontrer son impartialité en poursuivant tous les responsables, quel que soit leur camp.
L’équipe de Maître Altit n’a pas encore commenté la date exacte du dépôt de cette nouvelle requête auprès de la Cour Pénale Internationale.