Il semble bien qu’au fil des siècles, des années, des mois et des jours, l’establishment occidental perd la tête. Ou plutôt, nous finissons bien par nous rendre à l’évidence, au fil du temps, qu’ils n’ont jamais été les lumières qu’ils nous ont laissé croire, à grands renforts de mensonges historiques et de fictions hollywoodiennes.
Il faut reconnaître que nous, africains, avions bien fini par nous accommoder de cette illusion, au rythme de la violence subie, de la falsification systématique, et de la distraction permanente comme armes fatales de manipulation aux fins de prédation. Sauf que, le renouvellement compulsif de méthodes éculées tranche nettement avec la faculté d’adaptation qui a pour corollaire l’intelligence. En effet, le caractère grotesque et répétitif de leurs basses œuvres pour assouvir leurs non moins infâmes besognes n’emmène plus à s’interroger, mais à conclure : oui ces occidentaux ont manifestement perdu le Nord.
Le cas patent de la crise ukrainienne
La crise ukrainienne, actualité oblige, vient confirmer cet état de névrose avancée de ceux qui se sont autoproclamés dépositaires de l’ordre mondial. Frappés d’amnésies sélectives chroniques, ils crient au scandale quand la Russie engage des opérations militaires en Ukraine pour sauvegarder sa sécurité, ostentatoirement menacée à ses frontières par les avancées sournoises de l’OTAN, dans ses intentions mal dissimulées de déstabilisation de la région. Dans le même temps, ils font le choix honteux de perdre de vue que, entre autres :
– les manœuvres russes aux larges des côtes nord-américaines en 1962 avec la crise des missiles de Cuba avait entraîné la fureur des Etats-Unis de John Fitzgerald Kennedy qui avait alors exigé et obtenu le retrait du dispositif militaire de l’URSS de l’époque de la guerre froide ;
– les Etats-Unis de George Bush s’étaient engagés en 1991, après le démantèlement de l’URSS et la chute du mur de Berlin, à ne pas étendre l’OTAN aux frontières de la Russie. Accord délibérément violé, puisque depuis lors, l’organisation transatlantique a poursuivi les admissions successives des pays de l’Est en son sein, l’Ukraine constituant la ligne rouge ;
– la guerre sur laquelle les occidentaux feignent de se réveiller aujourd’hui au nom des droits de l’Homme qu’ils bafouent allègrement quand cela leur chante, a commencé depuis 8 ans avec les discriminations permanentes et les bombardements des civils à majorité russes de la région Est du Donbas par l’armée ukrainienne, avec des horreurs tel que le massacre d’une quarantaine de personnes brûlées vives dans un bâtiment le 2 mai 2014 ;
De plus, la panoplie de sanctions économiques à l’encontre de la Russie que les occidentaux présentent comme un moyen de pression infaillible relève d’une naïveté déconcertante. Les européens dépendent à 45% du gaz de la Russie et à 50% de son pétrole, sans compter leur dépendance à d’autres produits russes tels que le blé, le tantale ou le colombium dont la privation déstabilisera les économies européennes de façon structurelle. De plus, la chute du rouble que les occidentaux annoncent comme une catastrophe pour l’économie russe n’a que des effets négligeables, puisque la Russie avait déjà considérablement réduit le volume de ses réserves en dollars, mais aussi, elle a décidé de payer ses créanciers occidentaux en rouble, ce qui transfère le déficit de paiement du côté occidental.
De même, l’exclusion de la Russie du système international de paiement bancaire SWIFT est non seulement une perte importante pour les économies occidentales qui seront privées de cette manne au regard de l’importance des flux financiers avec la Russie, mais aussi un mal relatif pour Moscou qui a développé depuis 2008 SPFS, son propre système de paiement interbancaire qui se rapproche depuis les sanctions occidentales à celui de la Chine (CIPS), dans une éventualité de fusion avec pour objectif affiché d’absorber d’autres pays lassés par les chantages puérils de plus en plus agaçants des institutions occidentales.
Autres actes de folie de la part des occidentaux, le gel des avoirs des hommes et femmes d’affaires russes, comme s’il suffisait d’être d’une nationalité pour amalgamer la situation politique d’un pays à ses citoyens, tout comme le gel illégal des réserves de la Banque Centrale de Russie. Aussi, les sportifs russes sont exclus de toutes les compétitions internationales, y compris de la prochaine coupe du monde de football, quand les textes de la FIFA et de l’UEFA stipulent clairement que ces instances ne doivent en aucun cas se mêler des questions politiques et religieuses des pays membres, et qu’on se souvient que le même président de la FIFA, Gianni Infantino, avait, en 2017, rejeté la requête de la Palestine de sanctionner Israël pour ses actions au sein des colonies de Cisjordanie, évoquant justement l’obligation de neutralité de la FIFA sur les questions politiques et religieuses !
La suspension inadmissible des médias russes Sputnik et RT par la France et l’Union Européenne qui se font pourtant passer pour les apôtres des vertus démocratiques de la liberté d’expression, alors que la même France s’offusque de ce que ses deux instruments de propagande de déstabilisation de l’Afrique, RFI et France 24, aient été suspendus le 16 mars dernier par les autorités maliennes qui n’ont pas manqué de préciser la volonté de ces médias de « semer la haine en ethnicisant l’insécurité », ainsi que « l’intention criminelle » de certains journalistes dont les manœuvres s’apparentent à celles d’un média ayant conduit il y a une vingtaine d’années à un génocide dans un pays frère d’Afrique.
Quand le pire n’est pas ce qu’on croyait
Mais quand on pense que les limites de l’instabilité psychique sont atteintes, les occidentaux nous rappellent qu’avec eux, il faut toujours s’attendre au pire du pire : sur une chaîne du premier groupe de télévision de France, des « experts » et « spécialistes » en tous genres, le tout coordonné de façon assumée par un journaliste à la renommée établie, relaient et développent en mondovision, et de la manière la plus décomplexée, l’hypothèse de l’assassinat du Président russe en exercice, Vladimir Poutine, comme « seule solution » pour préserver l’ordre mondial à l’occidental. Chose curieuse, les sensibilités à géométrie variable des saints humanistes qui savent jouer les affligés en des circonstances beaucoup moins inconcevables, n’ont pas été effleurées.
Pire, un ex-cadre de la Direction des Renseignements Militaires français contribuera aux échanges en suggérant des éléments de stratégies pour l’aboutissement d’un tel funeste et irresponsable dessein. Voilà un cas de violation flagrante par un média français de tous les principes élémentaires de déontologie journalistique qui foule aux pieds à la fois les droits humains, la morale et l’objectivité en lançant ouvertement un appel au meurtre, et pire, à l’endroit d’un Chef d’Etat d’un pays souverain, sans que cela n’émeuve personne dans le camp des sentinelles de la bonne conscience universelle.
Si l’on n’est guère étonné du recours privilégié aux méthodes criminelles par l’occident tout au long de son histoire pour avoir construit son règne sur le sang et les cadavres des peuples dont il s’est accaparé terres, richesses et savoirs pour assouvir ses fantasmes impérialistes, on peut quand-même noter cette érosion accélérée du mythe de l’occident dû à une défaillance sévère de cohérence intellectuelle, doublée d’une déficience aigüe d’intelligence situationnelle. C’est connu, en forêt, si vous retombez sur le même arbre deux fois, c’est que vous êtes perdus. Or, c’est la énième fois que les européens et leur marionnettiste américain imposent des sanctions iniques à un pays sans que les effets escomptés ne soient atteints, mais ils s’y reprennent, invariablement.
Mais cette fois, avec le conflit ukrainien, ils ont opté pour le suicide collectif. Vous l’aurez compris, Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre. Ivre de son arrogance et de son mépris, l’occident est devenu fou, l’occident est perdu. Aux africains d’être suffisamment lucides pour ne pas se laisser entraîner dans sa chute inéluctable et irréversible.