La Russie s’est préparée pour au moins deux ans dans cette guerre. Elle n’a ni dette extérieure ni dette intérieure. Sa balance commerciale est excédentaire. Par contre l’occident n’est pas en mesure de tenir en tant qu’unité politique convergente pendant deux mois. L’Allemagne se désolidarise peu à peu des mesures/sanctions infligées à la Russie. Dépendante à plus de 50% du gaz russe et bien plus en ce qui concerne son pétrole, il est impossible pour elle d’approuver cela pendant longtemps. À titre de rappel, Poutine n’a pas encore fermé son robinet. De plus, l’Irlande également ne peut accepter ces sanctions dans le temps car cela supposerait de laisser tomber en faillite sa plus grande compagnie de location d’avions dans laquelle la Russie loue 550 avions.
Les sanctions étant tombées, les russes se demandent comment payer la facture du mois dernier. Le camp occidental se désagrège et le fera davantage. En occident, les USA sont en train de mettre à mal leurs alliés. L’objectif pour eux étant de profiter de la situation pour faire écouler leurs ressources et ravitailler l’Europe. Sauf que cela serait extrêmement cher pour ces pays. Car en qualité et quantité, en temps et en espace ça coûterait bien plus. Lire ce conflit et comprendre ses enjeux n’est véritablement possible que dans perspective historique adossée sur la géopolitique. Le désir de puissance occidentale est à l’origine de ce que nous vivons. Après avoir défait la promesse de ne jamais s’étendre vers l’est, l’OTAN a entrepris des Alliances pour contenir la Russie dans ses limites territoriales post guerre froide.
L’occident en a donc profité pour matérialiser la ceinture stratégique conceptualisée par un théoricien classique de géopolitique appelée Nicolas Spykman. Pour ce dernier, il s’agit du RIMLAND. Il se manifeste à travers une série de pacte partant de l’OTAN dont l’objectif était de coincer la Russie (théorisée comme le Heartland par Halford John Mackinder). La matérialisation de la ceinture stratégique est constituée des alliances suivantes : l’OTAN, l’OTASE (avec des pays d’Asie du sud-est dont le Japon), le pacte CENTO (on y retrouvait des pays comme l’Inde) et l’ANZUS (y sont intégrés des pays comme la Nouvelle Zélande et l’Australie). Ils confinaient la Russie dans son territoire proche de la glace et loin des mers chaudes pour limiter sa capacité de projection en dehors de son territoire. En vérité, Mackinder, dans sa lecture de la puissance, estimait que « celui qui contrôle l’Europe de l’est, contrôle le Heartland ; celui qui contrôle le Heartland, contrôle l’île monde et celui qui contrôle l’île monde, contrôle le monde ».
En quête de matérialisation de cette lecture du théoricien et géographe anglais, il fallait absolument encercler la Russie pour limiter ses capacités de nuisance. De plus, ces pactes permettaient à l’OTAN de placer des systèmes de défense antimissiles. Poursuivant sa percée vers l’est et le quadrillage tragique de la Russie, il ne manquait plus que deux pays pour que l’OTAN fasse directement face à la Russie. Ces pays étaient la Géorgie et l’Ukraine. Ce qui explique la démarche hégémonique Russe dans ces deux pays. En géopolitique, et désolé pour les juristes le droit n’étant pas assez fort pour régir la situation, l’hégémon stabilisateur a horreur que l’on s’intéresse ou menace son pré carré ou que l’on tente d’amenuiser sa capacité de résilience, de puissance et de nuisance dans son escarcelle. La réaction de la Russie est un comportement Normal pour le géo stratège avisé qui lit ce conflit à partir des grilles géopolitiques.
