Malgré les textes qui protègent les enfants contre tout travail à risque, le phénomène reste toujours d’actualité.
Lucas est un jeune commerçant de poisson à la brochette. Âgé de 12 ans, ce dernier vend avec son petit frère et sa petite sœur, respectivement âgés de 9 et 8 ans. Ceux-ci sillonnent les rues du quartier Mvog-bi avec leurs différentes marchandises. Au sein du marché de Mvog-bi, ils sont nombreux ces enfants qui s’adonnent au travail de commerçant, de pousseur, de livreur, à la recherche d’un peu de sou. « Je fais le commerce pour payer ma scolarité parce que mes parents m’ont abandonné » déclare le jeune Lucas. D’autres sont totalement souverains de leurs actes « ce ne sont pas mes parents qui m’envoient vendre. Je viens de mon plein gré parce que je veux acheter certaines choses que les parents ne peuvent pas m’acheter » formule Habou 11 ans.
Malgré la convention des droits de l’enfant adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies, signée par le Cameroun en 1990 et ratifiée en 1993, le phénomène reste et demeure visible dans le pays. L’article N˚32 alinéa 1 de ladite convention, protège l’enfant contre tout travail à risque susceptible de compromettre l’éducation, la santé, le développement (physique, mental, spirituel, moral ou social) de l’enfant. Dans la plupart des familles, le contexte de pauvreté fait en sorte que les parents se retrouvent dans l’obligation d’envoyer leurs enfants commercer afin d’augmenter le revenu de la famille.
Des clients et d’autres passants au vu de ce phénomène, expriment leur déception. C’est le cas de Herve Abena un passant « c’est le parent qui doit s’occuper de son enfant. Ce n’est pas normal de voir des mineurs sous un soleil ardent en bordures de route entrain de vendre. C’est un manque de sérieux pour les parents » affirme t’il. Il rétorque également « regardez les enfants de 8 ans qui sont entrain de faire du commerce, mais ça c’est un scandale! ». Il n’est plus surprenant de voir des enfants vendre dans les marchés, les barrières routières, les rues et les kiosques à n’importe quelle heure de la journée voire de la nuit.
Ce fait social et économique pour du moins alarmant, est majoritairement observé dans l’Extrême-Nord et le Nord du pays. Le sempiternelle problème du travail des enfants, repose d’après le sociologue Abel Fehou, sur les structures mentales africaines « ce problème n’est pas insoluble, on peut le résoudre. Mais pour le faire, il faudra davantage et de prime abord résoudre le problème des structures mentales de chez nous. » Dans l’optique d’un lendemain meilleur, beaucoup reste à faire et à refaire pour voir le phénomène reculer au Cameroun.