C’est du moins ce qui ressort à la lecture de la presse ouest-africaine ce matin après la réunion de l’organisation sous-régionale hier à Accra. La Cédéao a en effet pris de nouvelles sanctions individuelles contre les dirigeants du Mali et de la Guinée. À savoir, une interdiction de voyager et un gel de leurs avoirs financiers. Rien de plus…
Finalement, « plus de peur que de mal ! », s’exclame Le Sursaut à Bamako. « Pas de sanctions économiques, ni d’embargo, encore moins de mesures d’isolement du Mali ! On peut ainsi se réjouir. »
Boulet
En effet, renchérit le quotidien en ligne Malikilé, « qui ignore que les colonels Assimi Goïta et Mamadi Doumbouya ne voyagent pas et n’ont pas un kopeck à l’étranger. »
Alors, « un sommet de plus ? Sans doute oui, répond Malikilé, car l’organisation est minée de l’intérieur par ses propres contradictions et incohérences liées principalement à sa nature hybride entre une CEDEAO des peuples et un groupement d’intérêt politique de chefs d’État en exercice. Ce boulet oblige l’institution à faire des annonces fortes contre les auteurs de coups d’État dont la responsabilité première lui incombe en raison de sa complicité active ou passive face aux fraudes électorales avérées, aux troisièmes mandats tolérés, s’ils ne sont pas accompagnés, aux silences assourdissants face aux fraudes électorales, à la corruption ou à la mauvaise gouvernance, toutes condamnées par les textes communautaires. Que reste-t-il alors comme marge de manœuvre à l’organisation communautaire, s’interroge Malikilé, en dehors des incantations, des redites ou des condamnations de principes ? C’est cette impuissance qui vient de se révéler encore hier à Accra. »
Surplace
L’Observateur Paalga au Burkina est sur la même ligne : « l’organisation ouest-africaine fait du surplace dans sa démarche pour ramener le Mali et la Guinée sur la voie d’un État avec des pouvoirs démocratiquement élus. On ne compte plus les allées et venues des missi dominici à Bamako et à Conakry, ni les sommets extraordinaires convoqués par l’organisation régionale à ce propos. (…) Celui d’hier a-t-il fait bouger les lignes sur les bords du Djoliba et dans le golfe de Guinée ? Non, car à Bamako, Assimi Goïta, Choguel Maïga et les autres dirigeants de la Transition ont leur propre agenda politique et ne sont visiblement pas intimidés par les principes, les invectives et les sanctions de la CEDEAO. »
Presque tout…
Pour ce qui est de la Guinée, pointe L’Observateur Paalga, « là aussi, la CEDEAO perd son latin quant au principe d’un régime civil démocratiquement élu. Pas sûr que le durcissement des sanctions individuelles de l’organisation régionale contre les premiers responsables de la junte, étendues à leurs familles, change grand-chose dans le tâtonnement actuel des autorités à y définir un agenda politique clair. »
D’ailleurs, « la Guinée ne s’en sort pas mal, relève Ledjely à Conakry. En effet, les décisions de la CEDEAO vont davantage dans le sens de l’accompagnement de la transition. Certes, il est de nouveau question de la libération de l’ancien président Alpha Condé. De même, la Guinée demeure suspendue des instances de l’organisation régionale et les membres du CNRD sont toujours privés de voyage et leurs avoirs financiers demeurent gelés. Mais c’est presque tout. »
Éthiopie : vers un cessez-le-feu ?
A la Une également, l’Éthiopie… « Alors que les rebelles des Forces de défense tigréennes menacent de ‘marcher’ sur la capitale, les diplomates tentent d’obtenir un cessez-le-feu », rapporte le Monde Afrique.
« Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, est le théâtre depuis plusieurs jours d’intenses tractations, inédites depuis le début d’une guerre fratricide entamée voici un an, destinées à arracher la paix entre le gouvernement fédéral et les rebelles des Forces de défense tigréennes. ‘Nous n’avons jamais été aussi proches d’un cessez-le-feu. C’est maintenant ou jamais’, estimait vendredi un diplomate africain, cité par Le Monde Afrique. Parfois qualifiée de négociations de la dernière chance, cette tentative de médiation a lieu alors que le pays semble au bord du gouffre. »
Et face à « ce contexte incertain, relève encore Le Monde Afrique, de nombreux pays, y compris les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie, ont demandé à leurs ressortissants de quitter l’Éthiopie, bien que le danger soit encore assez éloigné de la capitale. Des entreprises et certaines organisations non gouvernementales adressent le même message à leurs effectifs non prioritaires. »