Une correspondance adressée le 20 septembre 2021 au directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications (ART) par le Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr), Ferdinand Ngoh Ngoh, instruit Philémon Zo’o Zame de Montrer patte blanche dans les recrutements à l’ART en 2020
La correspondance sus évoquée enjoint le Dg de l’ART de « mettre à la disposition de la Conac (Commission nationale anti-corruption) toutes les données nécessaires et informations utiles permettant (…) de faire la lumière sur l’intégrité et le respect de l’éthique dans les processus conduits par les organes dirigeants de l’Agence de régulation des télécommunications en vue du recrutement des personnels au sein de l’organisme en 2020 ».
c’est depuis février 2021 que visiblement la Conac s’intéresse aux accusations de corruption qui ont émaillé les recrutements à l’ART en 2020, saturant les réseaux sociaux et éclaboussant la présidente du conseil d’administration ainsi que le Directeur général . Selon nos sources, c’est le 24 février 2021 que Philémon Zo’o Zame a, pour la première fois, répondu à une demande d’informations émanant de Dieudonné Massi Gams, le président de la Conac. Au moment où l’organisme anti-corruption adresse cette demande d’informations au DG de l’ART, apprend-on de sources internes à l’entreprise, de nouvelles recrues réputées proches de hautes personnalités du pays ont discrètement pris fonction à l’ART, alors qu’un recrutement de 40 employés a été invalidé en juillet 2020 par la ministre des Postes et des Télécoms (Minpostel), Minette Libom Li Likeng. À en croire nos sources, ces nouvelles recrues ont bénéficié du réajustement par le Conseil d’administration de la liste des recrues invalidée par la Minpostel, au motif qu’ils avaient été effectués « directement, sans test ni respect du plan d’organisation des effectifs et des besoins réels en ressources humaines ».
Dénonciation
Pour rappel, cette affaire de recrutements teintés de corruption à l’ART est déclenchée à la mi-2020 par une série de messages électroniques qui a fuité sur les réseaux sociaux. Dans ces messages qui ont fait le tour de la toile, Simon Kaldjob, administrateur de l’ART représentant les usagers et bénéficiaires des communications électroniques, laisse entendre que la PCA de cette entreprise, Justine Diffo Tchuinkam, a reçu 5 à 6 millions de FCFA pour le recrutement de certains candidats au sein de cette société d’État. Une accusation aussitôt démentie par la PCA, qui fera parvenir une correspondance à ce sujet à la ministre des Postes et des Télécoms. Tout en demandant le remplacement de M. Kaldjob au sein du Conseil d’administration de l’ART, Justine Diffo Tchuinkam affirme dans sa correspondance que cet administrateur « a saisi l’occasion d’une réunion informelle de préparation du conseil (…) pour poser un problème de recrutement de deux candidats, d’abord pendant ladite réunion, puis par des échanges électroniques avec proposition de fortes sommes » d’argent. En clair, pour la PCA de l’ART, c’est M. Kaldjob qui a tenté de la corrompre, en échange du recrutement de deux de ses protégés. Mais une nouvelle correspondance, adressée cette fois-ci au secrétaire général du Sénat, et attribuée au DG de l’ART, viendra éclairer l’affaire d’un nouveau jour. Dans cette lettre qui a également fuité sur les réseaux sociaux, et dans laquelle Philémon Zo’o Zame dit ne pas se reconnaître, malgré l’insistance de certaines sources à la lui attribuer, il est révélé que la PCA de l’ART s’est octroyée plus de 20 postes sur les 40 ouverts dans le cadre du recrutement finalement annulé par la ministre des Postes et Télécoms. « C’est d’ailleurs connu à l’ART qu’elle vendait les postes de recrutement pour des montants compris entre 5 et 6 millions », précise la note, qui recoupe ainsi les dénonciations de l’administrateur Simon Kaldjob. D’ailleurs, après ses dénonciations, a-t-on appris dans une autre lettre de la ministre des Postes et des Télécoms, cet administrateur n’était plus convoqué aux sessions du Conseil d’administration de l’ART.