C’est le bilan enregistré au Centre hospitalier universitaire de Yaoundé parmi les malades atteints d’insuffisance rénale seulement en l’espace d’une semaine. Une situation qui inquiète les autres patients.
Il est devenu, depuis plusieurs semaines, impossible de respecter la séance de deux hémodialyses par semaine comme recommandé. Et à la base de cette situation plusieurs problèmes sont évoqués. En effet, sur les quinze machines que compte cette formation hospitalière, quatre sont actuellement en panne. Bien plus, le sempiternel problème de l’approvisionnement en eau demeure une gageure. Pourtant, selon les malades, une séance de d’hémodialyse utilise, en moyenne, 150 litres d’eau.
Le manque d’eau et les machines en panne constituent un danger pour la survie de ces patients qui deviennent, de plus en plus, inquiets. Nous rencontrons, cet après-midi du 4 juillet 2023, l’un d’eux. Francis Noukiatchom souffre d’insuffisance rénale depuis plus de deux ans. Une maladie dont il a été diagnostiqué après avoir pris sa retraite. Cet ancien technicien en service à la Crtv(Cameroon radio and television) est affilié ici depuis un an. Assis sur un banc public au niveau du parking principal de cette formation sanitaire, il vient d’apprendre qu’il ne pourra pas être dialysé ce jour. Après avoir manqué celle de samedi, 1er juillet 2023 trois jours plutôt, le voilà, de nouveau, renvoyé.
« Je suis arrivé aujourd’hui pour une séance d’hémodialyse. On m’a fait comprendre que ce n’est pas possible parce qu’on a effectué la maintenance. Et c’est la deuxième fois. Ceci me met en danger. Comme vous le savez si tu ne dialyses pas, tu étouffes et si tu étouffes, c’est directement la morgue. En l’espace d’une semaine, nous avons perdu quatre d’entre nous. La situation est vraiment dramatique », indique ce patient.
À l’intérieur du bâtiment au bout d’un long couloir qui mène vers le centre d’hémodialyse, nous tombons sur Meyong. Un jeune gendarme allongé sur une chaise, où il a passé la nuit, car arrivé aux environs de 22h la veille. Il attend, désespérément, toujours de subir une séance d’hémodialyse. Exténué et abattu, il lance un cri d’alerte en direction des autorités gouvernementales. « Que les pouvoirs publics cherchent à vite résoudre notre situation! Surtout l’affaire de l’eau. Nous sommes bien accompagnés par les médecins qui nous suivent Notre néphrologue, le Prof Tazon, nous encourage et toute son équipe, mais nous avons des problèmes d’eau et de machines. Si le gouvernement peut nous ajouter les machines, car la population de malades a augmenté. Nous-mêmes ici avions proposé de cotiser et de faire un forage pour ne plus dépendre de Camwater qui coupe l’eau à répétition. Depuis là, on attend, nous suffoquons », fulmine-t-il.
Le Centre hospitalier universitaire (Chu) de Yaoundé est l’une des rares formations sanitaires dans la ville de Yaoundé au côté de l’hôpital général à disposer d’un centre d’hémodialyse. Le patient souffrant du problème d’insuffisance rénale dû à l’arrêt du fonctionnement de ses reins selon les prescriptions de l’Organisation mondiale de la santé(Oms) doit effectuer trois séances d’hémodialyse hebdomadaire. Mais seulement au Cameroun, la norme n’est que de deux. Le manque d’appareils et autres écueils mettent, de plus en plus, en danger la vie de ces derniers. D’après le 4ème congrès scientifique de la Société camerounaise de néphrologie tenue en avril 2023, 13% de la population adulte au Cameroun souffre de maladie rénale chronique. Environ 1000 personnes sont, en permanence, sous dialyse, dont près de 10% d’enfants d’après les chiffres officiels.
