Pour la première fois dans l’histoire du prestigieux classement ArtReview, un artiste africain occupe la première place. Ibrahim Mahama, le plasticien ghanéen qui métamorphose les paysages urbains avec ses textiles monumentaux, est officiellement la figure la plus influente de l’art contemporain en 2025.
Une ascension fulgurante et symbolique
Il n’a que 38 ans, mais son empreinte sur le monde de l’art est déjà colossale. Passé de la 14e place en 2024 au sommet du Power 100 cette année, Ibrahim Mahama détrône les habitués du marché occidental. Ce sacre ne récompense pas seulement une esthétique, mais une vision : celle d’un art qui traite du travail, de la mémoire industrielle et de l’exploitation globale à travers l’utilisation de sacs de jute réutilisés.
« L’art est comme le sucre » : l’ancrage local comme force de frappe
Contrairement à de nombreux artistes de sa stature qui s’installent à Londres ou Berlin, Mahama a fait un choix radical : Tamale, sa ville natale au Ghana, est le centre de son univers. C’est là qu’il a bâti son atelier et ses institutions culturelles.
« L’idée est que l’art est comme le sucre : peu importe où vous le placez, les fourmis viendront », confie l’artiste.
Pour lui, le savoir ne doit plus être un flux unidirectionnel de l’Occident vers l’Afrique. Les conditions de vie, les matériaux et les histoires du continent africain produisent aujourd’hui des connaissances uniques que le reste du monde s’arrache.
Plus qu’un artiste, un révolutionnaire social
Le travail de Mahama est indissociable du collectif. Ses installations, qui recouvrent souvent des bâtiments entiers, nécessitent l’implication de dizaines de travailleurs locaux, transformant la création artistique en un acte social et économique.
* Le matériau : Le sac de jute, symbole du commerce du cacao mais aussi des crises migratoires et économiques.
* La mission : Utiliser l’art comme levier de responsabilité. Pour Mahama, l’objet d’art n’a de valeur que par les discussions et les responsabilités qu’il génère au sein de la communauté.
Ce que cela change pour l’art africain
Cette première place au classement ArtReview 2025 marque un tournant géopolitique dans la culture. Elle confirme que l’Afrique n’est plus seulement une « tendance » ou une niche pour collectionneurs avertis, mais bien le centre de gravité des idées les plus révolutionnaires du siècle.
En brisant ce « plafond de verre », Ibrahim Mahama ne se contente pas de réussir sa carrière ; il prouve que l’on peut affecter le monde entier sans jamais trahir ses racines.