Alors que Jair Bolsonaro, le président brésilien s’oppose depuis son élection à la production artisanale d’huile de cannabis, la justice l’a désavoué. La Cour suprême autorise trois patients à cultiver de la marijuana chez eux à des fins médicinales. La décision pourrait faire jurisprudence.
D’après les magistrats brésiliens, cultiver quelques plants de cannabis chez soi ne constitue pas une menace pour la santé publique. Il n’est pas possible de poursuivre quelqu’un qui cherche à soulager les séquelles d’un cancer, qui souffre de graves insomnies ou de crises d’anxiété à répétition.
Mais la Cour suprême prend soin d’encadrer sa décision : pour faire pousser du cannabis, les patients devront justifier d’une prescription médicale et obtenir l’autorisation de l’Agence nationale de santé. Jusqu’ici, les Brésiliens souffrant de certaines pathologies n’avaient qu’une option pour obtenir des produits dérivés de la marijuana : les faire venir de l’étranger. Au prix fort.
Ils ont d’ailleurs fait valoir devant la justice leurs difficultés à poursuivre ces traitements en raison de coûts d’importation extrêmement élevés. La Cour suprême vole donc à leur secours et en profite pour tacler les prises de position de Jair Bolsonaro.
Un des juges a ainsi avancé dans la presse que le discours proscrivant la culture de cannabis médicinal n’était qu’une litanie moralisatrice, souvent de nature religieuse, fondée sur des dogmes et de fausses vérités, et relevant de la stigmatisation. L’étape suivante sera peut-être l’adoption d’une loi pour réguler ces pratiques. Mais Jair Bolsonaro a déjà fait savoir qu’il y opposerait son véto.