21 décembre 2024, 4:49 pm

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BRICS 2024: NOS ENTRETIENS

Nous vous proposons ce premier entretien exclusif avec KAGBARA homme politique togolais, qui dénonce le paternalisme occidental et plaide pour un partenariat équilibré avec les Brics. Propos recueillis par SIKE DOUMBE pour EURECANEWS.

Sike Doumbe : Vous êtes un homme politique et vous participez à ce sommet. Serait-ce une façon de dire que l’Afrique devrait, ou alors l’Afrique a un intérêt, peut-être à intégrer un groupe tel que les Brics ?

H.KAGBARA: Il faut dire que les Brics nous donnent une opportunité de redéfinir un nouvel ordre mondial basé sur le respect mutuel et des valeurs. C’est le contraire de ce dont nous avons hérité du système d’après la Seconde Guerre mondiale. Un système qui considère l’Afrique comme un continent à partir duquel il faut prendre les matières premières. Aussi, participer à ce sommet n’est pas forcément une révolte ou une solution pour dominer les dominants mais c’est une alternative qui permettra de corriger les tares que nous avons héritées de la Seconde Guerre mondiale. Donc, aller plus loin dans le respect, la collaboration, le respect mutuel et dans le commerce avec un échange mutuel, un bénéfice mutuel entre deux nations, deux peuples, deux continents. Cela concerne les peuples de ce monde et c’est bien de le rappeler.

S.D :On parle de l’isolement du président Poutine. On rappelle qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, et à travers les Brics, selon les médias occidentaux, M. Poutine veut simplement démontrer qu’il n’est pas isolé. Quel est votre regard lorsque vous voyez ces délégations, qui sont nombreuses, et ces chefs d’État qui prennent part à ce forum ?

KAGBARA: Je pense qu’il faut simplement observer, car il y a aussi un événement qui se passe à New York, notamment les ministres des Finances qui se réunissent dans le cadre du FMI. Je pense que l’attraction, c’est la Russie, et non New York. Je pense que ceux qui sont là-bas cherchent à savoir ce qui se passe ici. Donc, vous-même, à travers cette petite comparaison, essayez de voir les médias, même occidentaux. Je pense même que cette histoire d’embargo est aussi bonne pour nos pays, car ça permet une prise en charge. L’embargo a permis à la Russie de s’industrialiser. Il y a un certain nombre d’équipements qui manquaient en Russie ; avec la collaboration de l’Inde et de la Chine, ils ont réussi en deux ans à fabriquer ces composants. Donc, qu’est-ce que les Européens ont fait à travers l’embargo ? C’est enrichir la Russie, car les Russes ont repris en main un segment de leur économie nationale qui leur échappait avec la collaboration des Occidentaux. L’embargo n’est pas si mauvais si vous savez l’utiliser, si vous avez un président visionnaire. Ce que nous avons vu depuis que nous sommes arrivés, c’est que la Russie n’est pas du tout isolée. Donc, c’est la conception paternaliste d’un certain nombre de pays qui équivaut à une relation de domination, ce que nous dénonçons car une relation ne peut pas être basée sur la domination mais sur le respect mutuel.

S.D :Ces autres sommets qui se sont déroulés dernièrement, on a la francophonie du côté de la France, il y a aussi d’autres événements où l’on a vu des délégations africaines, des chefs d’État africains qui ont fait le déplacement de ce côté-là. Est-ce que vous parleriez aujourd’hui d’un équilibre des forces ?

H. KAGBARA : Je pense que, comme je l’ai dit, il y a un manque de respect envers nos leaders, un manque de respect envers notre continent, ce qui fait qu’il y a un certain nombre de choses que nous ne pourrons plus aller voir au sommet de la francophonie. Il y a eu moins de chefs d’État que lorsque c’est le Japon, la Chine, la Turquie, et que la France l’a fait ; personne ne peut le nier. Il suffit de voir les images. Je pense que nous sommes des gens responsables, nous ne sommes plus mineurs .Nous sommes libres de choisir nos partenaires et personne ne peut nous imposer des partenaires. Donc si la Russie fait une bonne affaire en matière de sécurité, nous irons chercher la Russie. Si les États-Unis font de bonnes offres en matière d’éducation, nous irons chercher ce pays . C’est de ça qu’il s’agit. En tout cas, nous réclamons ce respect, ce partenariat équilibré équitable, la non gérance dans nos affaires internes.
Pour ce qui est du respect mutuel, nous sommes des peuples. Nous sommes des nations. Nous sommes des états et notre alliance doit être basé sur le respect mutuel. Nous allons chercher nos partenaires où ils sont dans tout le monde entier qu’ils soient en Asie, Afrique , en Australie,en Europe sans que nous puissions nous justifier parce que ça fait partie aussi de notre survie .

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