Vingt-quatre personnes, tous membres de MUCO Burundi, une ONG mobilisée dans la lutte contre le sida, ont été inculpées le 23 février dernier à Gitega, la capitale du Burundi, pour « pratiques homosexuelles », ont indiqué à l’AFP une source judiciaire et un militant des droits humains dans ce pays d’Afrique de l’est.
Après des interrogatoires qui ont duré une dizaine de jours, 17 hommes et 07 femmes « ont été inculpés pour pratiques homosexuelles et incitation aux pratiques homosexuelles par le ministère public avant d’être écroués à la prison centrale de Gitega », la capitale, a annoncé mercredi soir à l’AFP Me Armel Niyongere, le président de l’ACAT-Burundi, qui défend les droits humains. Ils resteront en prison jusqu’à leur procès, a-t-il ajouté.
La police avait arrêté ces 24 personnes le 23 février 2023 à Gitega, où des membres de MUCO Burundi, une ONG mobilisée dans la lutte contre le sida, tenaient un séminaire. Des voisins avaient alerté les services de sécurité après avoir vu des adolescents des deux sexes au siège du MUCO. La police avait découvert sur les lieux des préservatifs et des documents sur les droits des homosexuels, avait indiqué une source judiciaire à l’AFP.
Ils ont été accusés de promouvoir l’homosexualité et d’actes homosexuels, considérés comme des crimes passibles d’une peine d’emprisonnement. Des accusations « absurdes et sans fondement », a expliqué à l’AFP un militant de l’association qui a témoigné, sous couvert de l’anonymat, par crainte de représailles.
Le gouverneur de la province de Gitega, Venant Manirambona, a confirmé ces arrestations, sans s’épancher sur les détails, arguant qu’une enquête judiciaire était en cours.
Source de malediction
Le Code pénal promulgué en 2009 par le défunt président Pierre Nkurunziza, qui dirigeait le pays d’une main de fer, réprime « les relations sexuelles avec une personne de même sexe », passibles de trois mois à deux ans de prison.
Son successeur, Évariste Ndayishimiye, a fustigé dans un discours la semaine dernière « les homosexuels, même ceux qui vivent en dehors du pays ».
« Je demande à tous les Burundais de maudire ceux qui s’adonnent à l’homosexualité car Dieu ne peut pas le supporter. Ils doivent être bannis, traités en parias dans notre pays car ils nous apportent la malédiction », a-t-il déclaré.