Plusieurs stations-services et points de vente de plusieurs villes ne disposent plus du précieux liquide depuis des semaines.
S’achemine-t-on vers une pénurie générale du gaz domestique au Cameroun ? C’est du moins le constat au regard de la pénurie qui se généralise dans les principales villes. Depuis quelques semaines, les consommateurs de gaz domestique font face à la rareté de plusieurs marques (Tradex, SCTM, Total, Afriqua Gaz…) sur le marché dans plusieurs localités du Cameroun (Centre, Littoral, Est, Ouest, Sud…). Des clients sont obligés de faire le tour de la ville et des stations-service pour espérer trouver une bombonne en vain. Aucune réponse à cette pénurie n’est apportée par les marketeurs, encore moins par les autorités de la ville qui ne sont visiblement pas impactées pour l’instant.
Spéculation
Dans ce flou, seuls quelques points de vente qui disposent encore du précieux liquide, tirent leur épingle du jeu à travers la spéculation. La bouteille de 12,5 Kg est vendue à 8500 voire 10000 FCFA au lieu de 6500 F homologués par le ministère du Commerce. Pour certains observateurs, le Cameroun est victime du contexte mondial marqué par la guerre russo-ukrainienne qui a entrainé une envolée des prix des énergies, notamment du gaz. Même si le pays est producteur du pétrole et du gaz, le Cameroun ne dispose pas d’une unité industrielle de production de gaz domestique. Le pays dépend par conséquent des importations et des aléas d’un marché mondial particulièrement tendu ces derniers temps.
Explications
Selon les explications glanées auprès des autorités en charge de la distribution des produits pétroliers, cette pénurie s’explique « par un problème de logistique ». Il s’agit d’un « retard accusé dans le déchargement du navire de l’importateur Confex Oil », apprend-on. L’importateur indexé n’est pas accessible pour avoir sa version de faits. Le contact téléphonique qu’il affiche sur son site internet ne fonctionne pas.
Le mois dernier, le gouvernement a confessé que la pénurie des carburants était due au poids grossissant de la subvention de l’État dédiée à maintenir les prix de ces produits pétroliers. Il n’est pas exclu que ce problème touche aussi le gaz domestique. La subvention de ce produit est supportée par la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH).
À fin mars 2022, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, estimait la subvention d’une bouteille de gaz à 6777 FCFA. Celui qui est par ailleurs président du conseil d’administration de la CSPH projetait le coût annuel de cette subvention à 70 milliards de FCFA. Une somme supérieure aux charges globales de cet établissement public qui se sont chiffrées à 66,09 milliards de FCFA en 2021 et à 52,2 milliards de FCFA en 2020.
Mais la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) affirme qu’au 22 août 2022, le pays jouit d’une autonomie en gaz domestique de deux semaines : 1 650 tonnes métriques (TM) en sphères et 3 817 TM dans le butanier sont disponibles à Douala et à Yaoundé, il y a un stock de 108 TM. En plus, le centre de Bipaga, dans le Sud du pays, continue de livrer les produits pour les marketers qui ne chargent pas à la SCDP.
De toutes les façons, chaque fin d’année, le secteur du gaz domestique connait des pénuries artificielles assimilables à des spéculations de certains grossistes.