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CAMEROUN : INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE:A QUAND DES STATISTIQUES A LA HAUTEUR DES DÉFIS DE DÉVELOPPEMENT DE NOTRE PAYS ?

Le siège de l’Institut National de la Statistique du Cameroun a inauguré un bâtiment flambant neuf ce 29 Décembre 2020. Occasion Ultime pour que cette institution se renouvelle enfin lorsqu’elle intégrera définitivement ce nouveau bâtiment. L’indigence infra structurelle dans laquelle bien des fonctionnaires évoluent dans notre pays est inqualifiable. Des institutions comme le Sénat à ce jour ne sont toujours pas dotées de leurs propres bâtiments.

Dans cette réflexion, nous aborderons les points suivants :

•             Les missions essentielles de l’INS

•             La perception qu’on peut avoir des performances de l’INS

•             Les informations réelles que nous aimerions que l’INS produise

•             Les chantiers d’amélioration de l’INS

•             Les conditions de succès de transformation structurelle de l’INS

Pour commencer, un mot sur l’acquisition de ce nouveau bâtiment, principale actualité de l’heure.

I – SUR L’ACQUISITION DU BÂTIMENT EN QUESTION

Est – ce une bonne chose ?

 A priori oui quand on connait l’indigence infrastructurelle dans laquelle bien des fonctionnaires évoluent dans notre pays. Pensons aux écoles, aux commissariats, aux hôpitaux, etc. Des institutions comme le Sénat à ce jour ne sont toujours pas dotées de leurs propres bâtiments.

 Ce sera sans doute le cas de bien des conseils régionaux récemment mis en place. Il n’y a aucun doute que les agents de cet institut ne seront donc pas mécontents de travailler dans un nouvel espace qui dispose peut – être de meilleures commodités et de plus de confort.

A priori oui si les termes du contrat relatifs à la construction de ce bâtiment ont été respectés. Il s’agit des délais prédéfinis, des matériaux à utiliser, des fonctionnalités du bâtiment, du respect des droits des travailleurs, du respect des normes environnementales, du respect du budget défini, de l’accessibilité des personnes en situation de handicap… C’est à priori aussi une bonne chose si également les mécanismes et les ressources d’entretien de ce bâtiment sont prévus pour qu’il ne devienne pas l’ombre d’une majesté perdue après quelques années d’occupation. Au Cameroun, nous nous connaissons  en la matière.  Mais mieux qu’un bâtiment physique, nous tenons déjà à dire que l’Institut National de la Statistique mérite déjà par exemple un meilleur site internet plus « ergonomique », interactif, à jour et avec des contenus sous une forme vraiment digeste et exploitable par les différents segments du public.

Cela dit, rappelons – nous l’essentiel !

II – DES MISSIONS ESSENTIELLES DE L’INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE DU CAMEROUN

L’Institut National de la Statistique (INS) est le service officiel des statistiques du Cameroun. Créé par le décret no 2001-100 du 20 avril 2001 pris par le président de la République, l’INS est un établissement public administratif, doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, placé sous la tutelle du Ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.

Il a officiellement pour missions :

a)            D’assurer la coordination des activités du système national d’information statistique.

b)           De rendre disponible les données et les indicateurs statistiques nécessaires à la gestion économique et sociale.

c)            D’assurer la conservation des fichiers des recensements et enquêtes réalisés par les administrations publiques et les organismes subventionnés ou contrôlés par l’État.

d)           De favoriser le développement des sciences statistiques et les recherches économiques relevant de sa compétence, de promouvoir la formation du personnel spécialisé pour le fonctionnement du système national d’information statistique.

Dans cet ordre, il est doit effectuer entre autres les tâches suivantes :

•             Établir, rassembler et mettre à jour les statistiques sur la situation économique et sociale en utilisant, le cas échéant, les éléments qui lui sont fournis par les diverses administrations ;

•             Réaliser ou participer à la réalisation des recensements et enquêtes statistiques initiés par l’Administration ;

•             Produire et analyser les données et les indicateurs pour le suivi de la conjoncture à travers des études et des enquêtes notamment sur les prix, l’emploi, le chômage, la production industrielle et les échanges commerciaux ;

•             Produire et analyser les données et les indicateurs relatifs à la situation socio-économique à travers les études et enquêtes auprès des ménages ;

•             Elaborer les indicateurs de suivi et d’évaluation des progrès en matière de développement social et notamment la réduction de la pauvreté ;

•             Élaborer les comptes économiques de la Nation ;

•             Entreprendre, à la demande du Gouvernement et des administrations publiques et, éventuellement, du secteur privé, des recherches et études sur les questions statistiques, économiques et sociales ;

•             Élaborer l’annuaire statistique du pays et les bulletins périodiques de statistiques.

Face à ce qui est prévu sur le papier qu’est – ce qu’il en est réellement ?

III – DE LA PERCEPTION DES PERFORMANCES DE L’INS FACE AUX BESOINS EN INFORMATION ACTUELS

Pour la grande majorité d’entre nous, nous savons que les informations et les données statistiques sont à la fois insuffisantes et difficiles à obtenir dans notre pays. C’est comme si la plupart des administrations publiques éprouvaient un malin plaisir à empêcher les analystes, les chercheurs, les journalistes et les usagers  d’avoir accès à ces éléments importants pour se faire une idée de la situation réelle du pays et de l’impact tangible des différentes politiques publiques dans la vie des Camerounais/es.

Pour la donnée statistique, la situation est encore plus alarmante. Quand elle existe, très souvent, elle date de plusieurs années et est généralement parcellaire à bien des égards. Ainsi même quand elle nous vient de certaines autorités majeures, elle ne semble qu’invraisemblable (Cf les annonces de créations d’emploi faites par le Chef de l’Etat). La défiance vis – à – vis des autorités politiques entache la considération que nous pouvons avoir des données qu’elles présentent sur la situation du pays.

Il est facile pour nous tous de manifester de la surprise quand il annonce des chiffres de création d’emploi le 31 décembre de chaque année. Nous sommes habitués à la contestation des données des ONGs internationales et nationales par le Gouvernement sans que ce dernier ne daigne jamais nous exposer les siennes. Et quand il le fait, nous ne manquons pas d’être négativement surpris par le caractère « irréel » de ces dernières.

D’où l’importance d’avoir un institut national de la statistique indépendant qui nous produise de manière régulière des données et des statistiques de manière à apprécier la situation réelle du pays.

A l’heure actuelle, le sentiment général est le suivant :

•             Il n’y a pas assez de données. Cette insuffisance porte sur des questions de base telles que la démographie, les acteurs économiques, les opérations économiques, les différentes politiques publiques phares, l’emploi, les marchés, etc.

•             Les données produites ne sont pas toujours accessibles au grand public. Une grande partie n’est pas facilement accessible sur les sites des ministères et des organismes publics. Ces sites internets, pour l’immense majorité ne sont pas à jour et disposent d’un contenu très pauvre, essentiellement informatif, par rapport aux besoins pertinents des différents segments du public, ce sont des tableaux d’affichage numériques de l’actualité du ministère au lieu d’outils de travail intéractif.

•             Les évaluations chiffrées des politiques publiques sont quasi inexistantes. A titre d’exemple, quelles sont les données diverses des politiques rattachées au Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) ? Je parle des emplois créés, des emplois détruits, de la qualité des emplois, des revenus moyens générés par ces emplois, des secteurs clés où ces emplois ont été créés, etc. On peut en dire de même des logements sociaux, l’éducation inclusive…

•             Bon nombre de décisions politiques ne sont pas prises sur une base rationnelle et objective. Elles s’appuient sur un mélange d’opinions, de perceptions subjectives, de données dépassées et de considérations politiciennes.

•             Sur des questions fondamentales telles les Accords de Partenariat Economique, peut – on avoir publiquement les données sur les impacts en termes de pertes et de gains ? Peut – on avoir des données sur l’impact socio – économique de la lutte contre Boko Haram, de la crise dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest ? On pourrait démultiplier les exemples de programmes gouvernementaux majeurs sur lesquels nous avons besoin de clarté statistique.

A ce titre, quelles sont les informations que ce nouvel institut national de la statistique pourrait nous produire ?

IV – DES INFORMATIONS DONT NOUS AVONS BESOIN DU NOUVEL INS

Quelques sujets sur lesquels nous aimerions être édifiés plus souvent :

•             La pauvreté : pourcentage de pauvres par classes d’âge et autres indicateurs démographiques ou sociaux, facteurs appauvrissants, types de pauvreté, temps escompté pour sortir de la pauvreté, etc.

•             La dépense publique : Quel usage a été fait des ressources financières ? Quelles sont les secteurs clés ? Quelles sont les lignes de dépense clés ? Quelle est la part qui va aux opérateurs économiques locaux ? Etc ;

•             Le fameux « vivre ensemble » :  perceptions sur le tribalisme, la xénophobie, le racisme ; raisons avancées pour le justifier et perceptions sur les approches pour en sortir.

•             Les conséquences économiques des lenteurs administratives : description des expériences des usagers, description des conséquences économiques et financières, recueil des suggestions des populations et autres acteurs économiques.

•             Les impacts des diverses innovations fiscales et budgétaires sur les performances des différents acteurs économiques.

On devra aussi, dans une perspective stratégique et scientifique produire des données tendancielles et comparées (Trends) dans des domaines tels que :

•             Les contributions des différents secteurs au PIB

•             Les questions sécuritaires

•             Les questions environnementales

•             Les questions humanitaires.

•             Les questions démographiques.

•             Les questions technologiques.

•             Les questions économiques et financières.

A la veille des grandes célébrations nationales et internationales, il est absolument vital de produire des données. A titre d’exemple :

•             La fête de la jeunesse : Donner des statistiques sur la jeunesse, ses aspirations, ses préoccupations, etc.

•             La journée internationale des droits de la femme : Donner des statistiques sur la parité, les violences faites aux femmes, sur les avancées et les reculs en matière d’égalité (notamment salariale ou dans les conseils d’administration) sur les aspirations, les préoccupations et les éléments de satisfaction des femmes camerounaises.

•             La journée internationale du droit des travailleurs : Émettre des chiffres sur les conditions des travailleurs, les différents types de travailleurs, l’évolution des politiques publiques relatives au travail, les dynamiques qui structurent le marché de l’emploi, etc.

•             La fête nationale de l’unité : Emettre des chiffres sur les perceptions autour de l’unité, du tribalisme, des phénomènes d’inclusion et d’exclusion, les définitions du patriotisme, etc.

On doit pouvoir s’attendre à une date et une heure fixe de la publication :

•             Des principaux indicateurs économiques et sociaux du pays avec différentes déclinaisons sectorielles et territoriales.

•             Des résultats des politiques publiques phares du Gouvernement .

•             Des chiffres clés de chaque ministère au cours d’un exercice donné.

Les résultats dans les domaines clés tels que :

•             L’accès aux services de base fondamentaux tels que l’éducation, la santé, l’eau, l’électricité, etc.

•             L’évolution du pouvoir d’achat des citoyens de base.

•             Le niveau de satisfaction des citoyens par rapport au Gouvernement, des ministères clés, des services publics clés, par catégorie d’âge, par région, par sexe, par niveau de revenu, etc.

Tout ceci est possible si évidemment, un certain nombre d’améliorations sont observées dans le fonctionnement de l’INS tels que nous l’avons connu jusqu’ici.

V – LES CHANTIERS D’AMÉLIORATION DE L’INS

Pour devenir ce nouvel organisme de production de statistiques, plusieurs chantiers d’amélioration s’offrent à l’INS. Loin de prétendre à l’exhaustivité, nous pouvons en citer huit principaux :

1.            Se donner une régularité claire et nette pour les publications des rapports : A titre d’exemple, l’INS peut se donner une date fixe annuelle pour publier son rapport sur les principaux agrégats économiques et autres indicateurs pertinents sur l’état du pays. Ce rapport peut même s’appeler l’Etat de la Nation. Toute la Nation s’habituera à cette publication et ce sera un moment clé d’interaction féconde entre les forces vives et les différents responsables publics dans notre pays.

2.            Publier plus fréquemment les données sur les thématiques structurelles : Au lieu de faire des publications telles que l’Enquête Camerounaise sur les Ménages (ECAM) à des intervalles irréguliers, on les produirait semestriellement voire annuellement quand on se voudrait accomplisseur des grandes ambitions.

3.            Diversifier les sujets d’étude et élargir le périmètre de travail aux activités de certains acteurs clés de la société. Ceci signifie que l’on peut voir l’INS faire des études statistiques sur des sujets tels que la question foncière, sur les établissements scolaires qui respectent les normes infrastructurelles, sur les centres de santé conformes aux exigences sanitaires, etc. L’INS peut aussi opérer des sondages sur la compréhension et la satisfaction du public au lendemain des évènements tels que les discours présidentiels à des occasions solennelles, les sessions parlementaires, etc.

4.            Améliorer la qualité de certaines productions. Si on prend la question de l’emploi, on a cruellement besoin d’avoir, au-delà de certaines annonces politiques faites par le Président ou les membres du Gouvernement, des données simples et précises telles que : le taux de chômage, les différentes catégories de chômeurs et de travailleurs, les revenus de ces derniers, le nombre d’emplois détruits, les besoins non satisfaits dans certains secteurs.

5.            Se saisir de certaines problématiques urgentes et brûlantes de l’actualité. Il n’est pas compréhensible que nous n’ayons pas produit tout au long de ses années, sur le plan quantitatif ou qualitatif des données sur les crises sécuritaires (Lutte contre Boko Haram, Insécurité à l’Est et dans l’Adamaoua), les crises socio – politiques (Crise dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest), les crises sanitaires et leurs conséquences (Covid 19, Cholera, etc).

6.            Effectuer des sondages réguliers pour mesurer les perceptions et la satisfaction du public vis – à – vis des politiques publiques et de certaines institutions clés. A titre d’exemple, quelle est la notation que les usagers font de l’école publique, de la douane, des hôpitaux, de l’administration publique, etc.  Les résultats de tels sondages sont importants aussi bien pour les décideurs que pour le public. Ils constituent une base pour le débat public dont la finalité est d’identifier les voies et moyens d’améliorer la vie dans la cité.

7.            Former d’autres acteurs de la société civile à la culture de la production de la donnée statistique. Ceci signifie qu’il faut que l’INS développe et mette en œuvre des programmes de formation des acteurs non – gouvernementaux à la compréhension de ces normes statistiques, à l’interprétation et l’utilisation de ces données ainsi qu’à la production de données dans le cadre de leurs propres activités. C’est en le faisant que la culture de la statistique va se répandre et le niveau de débat public pourra s’améliorer significativement.

8.            Développer une meilleure communication vers les cibles. Ce qui signifie de sortir du carcan strictement administratif et viser la satisfaction du grand public. Cela passe par le fait d’avoir initialement des sites internet et des comptes sur les réseaux sociaux qui soient interactifs et qui produisent la donnée dans des formats simples, pédagogiques, ludiques et adaptés aux différentes cibles.

On le voit bien, les chantiers sont importants et nombreux.

 Pour être conduits effectivement et efficacement, certaines conditions de succès doivent être réunis.

VI – CONDITIONS DE SUCCÈS D’UNE TELLE TRANSFORMATION DE L’INSTITUTION

En effet, la transformation de l’Institut National de la Statistique du Cameroun n’est possible que si l’on réunit quelques conditions à la base.

 Sans être exhaustif, il s’agit entre autres des points suivants :

1.            Le changement de statut pour intégrer de nouvelles missions. Le minimum est de placer l’INS non plus sous la tutelle du ministère de l’Economie mais sous celle du Premier Ministre qui est censé coordonner l’ensemble des politiques gouvernementales. A ce niveau, l’INS pourrait se voir donner le mandat de produire directement ou accompagner la production de données dans l’ensemble des départements ministériels. On pourrait ajouter dans ces missions la réalisation d’études spéciales ou nouvelles telles que décrit plus haut dans notre réflexion.

2.            L’augmentation des moyens financiers, des ressources humaines et des dispositifs opérationnels de collecte des données sur le terrain. Une INS plus robuste et plus régulière dans les productions de données doit nécessaire avoir plus de moyens financiers, humains et opérationnels. Cela suppose de croire en l’utilité capitale de son travail et d’avoir la volonté politique d’y investir les moyens appropriés.

3.            Une meilleure synergie avec les universités et grandes écoles. Cette synergie est inscrite dans les statuts actuels de l’INS. Elle est nécessaire à la diffusion de la culture de la statistique. Elle est capitale pour le développement et l’adoption d’un système de normes statistiques nationales. Elle peut se traduire par la sous – traitance de certains travaux à des universités et aussi par l’utilisation de la ressource humaine universitaire pour réaliser les nombreuses études nécessaires à la compréhension en vue de la transformation de notre environnement.

4.            Une meilleure synergie avec les producteurs de données primaires qui sont dans les diverses administrations publiques. Une bonne partie du travail de l’INS s’appuyant sur les données et les informations produites au sein des administrations publiques, il est absolument vital d’améliorer le système de collaboration avec le personnel de ces derniers. Chaque administration publique, qu’elle soit centrale, déconcentrée ou décentralisée doit avoir un système de production aligné sur des normes, des thématiques et des exigences communes avec celles de l’INS. Si la donnée collectée à la base n’est pas bonne, c’est l’ensemble des données agrégées qui ne sont pas pertinentes.

5.            Le renforcement des capacités de production, de capitalisation et d’archivage des données dans toutes les administrations. Il y a certainement diverses contraintes qui pèsent sur la production des données et qui expliquent aussi bien la pauvreté que l’irrégularité des données statistiques générées par l’INS. Il est absolument capital de revoir sur les plans techniques et technologiques, les méthodologies de travail au sein des diverses administrations. Sans ce travail, l’INS ne pourra jamais avoir les données primaires qui lui permette de traiter et de produire à temps des données secondaires de qualité.

6.            Rêvons un peu : la conduite d’une stratégie de collecte de data et de knowledge management qui s’appuie sur le développement du e – government dans la sphère publique, du e – commerce dans le secteur des affaires et l’essor des start – up du numérique. Elle permettra de générer des données sur les utilisateurs et à partir de celles – ci produire des synthèses qui renseignent mieux sur les besoins, les attentes et les éléments de satisfaction des usagers publics.

En dehors de ces conditions liées directement au fonctionnement de l’INS et des administrations publiques, il est vital aussi de travailler sur les axes suivants :

7.            La modernisation de l’accès à l’information publique au Cameroun. Il faut rendre quasi obligatoire la publication et la mise à disposition des informations d’intérêt public. C’est anti-démocratique que de freiner l’accès des citoyens à l’information. C’est anti-démocratique et archaïque que de ne pas rendre disponibles les données sur les résultats des administrations. La modernisation doit se traduire par des obligations pour les agents publics et des facilités accrues pour les usagers, ceci dans le but de rendre possible le contrôle citoyen de l’action publique. C’est cette omerta qui en plus d’être anti-démocratique, fait le lit de la corruption.

8.            La formation d’une masse critique de data journalistes pour accompagner l’INS dans sa mission de diffusion de cette culture de la statistique. Le data journalisme s’annonce aussi comme un chantier d’avenir et une nécessité vitale pour l’information du public sur la marche des sociétés. En tant qu’institut en charge de développer et diffuser la culture de la statistique à l’échelle nationale, l’INS gagnera à former des journalistes dans la production, l’analyse et la diffusion des statistiques : ils assureront le feedback !

Tout ceci n’est possible que si nous avons un leadership politique qui est résolument tourné vers la modernité, qui est obsédé par la performance publique et qui considère la bonne gouvernance comme la base de toute ambition de développement au service des populations à la base.

En guise de conclusion

Pour terminer ce propos, il est important de se rappeler quelques considérations fondamentales :

•             On ne change pas ce qu’on ne connait pas.  Il n’y a rien de mieux pour connaitre notre situation que de l’objectiver autant que possible. Même si le champ du réel ne se limite pas à la statistique qui, par ailleurs, est susceptible d’être interprétée de mille et une façons différentes, ce champ du réel est plus intelligible avec la donnée statistique. Cette dernière est nécessaire comme base pour toute discussion rationnelle et constructive.

•             On ne peut espérer avoir de l’efficacité dans les politiques publiques si on ne les évalue pas de manière objective, régulière et impartiale. Quand on veut être efficace et excellent, la tricherie est un chemin pavé d’œufs. On ne blague pas avec la formulation d’indicateurs objectivement vérifiables. On est exigeant avec soi – même. On se donne des critères d’évaluation conformes à nos ambitions.  On bâtit les outils et on produit les données qui permettent de savoir où on en est, ce qui marche, ce qui ne marche pas, dans quelle direction aller pour améliorer les choses.

•             Dans cette ère dite de la mondialisation et de l’explosion technologique, le fardeau de chaque peuple est de ressembler à ce qui se fait de mieux dans le monde. Ceci signifie qu’il faille impérativement et en permanence rehausser les standards, faire du benchmarking (Analyse comparée et veille sur les meilleures pratiques) et opérer les transformations qui nous permettent d’être à la hauteur des défis contemporains et de pouvoir satisfaire au mieux les besoins des populations.

Fort de ce qui précède, nous ne pouvons pas nous arrêter à l’écume des choses : l’inauguration d’un bâtiment.

Avoir un nouveau bâtiment c’est bien. Devenir un nouvel Institut National de la Statistique c’est préférable.

Nous devons regarder ce qu’il y a à faire pour affûter nos outils et nos instruments à la hauteur de ce que nous avons à accomplir.

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