L’assassinat de l’animateur radio Martinez Zogo est l’un des dossiers les plus sombres de l’univers médiatique camerounais qui prouve qu’exercer ce métier dans la république bananière est très dangereux, surtout si le journaliste choisit de faire de l’investigation et dénoncer ce qui ne va pas. En d’autres termes, dénoncer des détournements de deniers publics, des abus de pouvoir, favoritisme et des actes de tribalisme entre autres. Pour avoir tiré à boulet rouge sur des bandits à cols blancs ou des saoulards à l’eau de feu, la prime du journaliste est un assassinat.
Le danger est permanent pour les journalistes camerounais, exposés aux attaques verbales et physiques, aux arrestations, aux procédures-bâillons et aux risques d’assassinat. L’enlèvement brutal de Martinez Zogo vient malheureusement renforcer le constat alarmant quant à la sécurité des journalistes et l’état de la liberté de la presse dans le pays. Martinez Zogo ne faisait que son travail et les journalistes et hommes de média doivent pouvoir exercer leur métier en toute sécurité.
A fortiori malheureusement ce n’est point le cas dans une république où la valeur a foutu le camp depuis des lustres. Tortures, menaces de morts , assassinats, tout y passe lorsqu’ un homme de média ose dire plus haut ce qui se dit tout bas. C est la preuve irréfutable que la sécurité des journalistes est un réel problème au Cameroun.
Le 9 mars 2022, le reporter de Cameroun Web, critique du pouvoir, Paul Chouta avait été emmené de force dans une voiture puis passé à tabac avant d’être laissé pour mort sur le bord de la route. Deux jours auparavant, le journaliste avait publié une photo sur Facebook représentant un ministre de la république et un patron de média. La plainte qu’il a déposé auprès du tribunal de grande instance de Yaoundé n’a pas encore apporté de résultats. Le riche homme d’affaires est déjà en procès avec des journalistes et un média ayant publié une lettre ouverte faisant état d’affaires de corruption auxquelles il serait lié. Il a déposé plainte contre les journalistes Jacques Blaise Mvié et Conrad Atangana, ainsi que contre l’hebdomadaire pour lequel ils travaillent, La Nouvelle, pour « diffamation, injures et autres ».
L’un de ces journalistes, Jacques Blaise Mvié, fait en outre l’objet d’attaques depuis plusieurs mois. Bien avant Paul Chouta, il y a eu les cas de Jacques Bessala Manga décédé le 26 juillet 2012, des suites d’une agression criminelle à Yaoundé. Le meurtre n’a toujours pas été élucidé. Jules koum koum aussi partis dans des circonstances atténuantes un an plutôt, en 2011. Son meurtre intervient quelques jours après une lettre ouverte envoyée par le journaliste au ministre Mebee NGoh actuellement dans les geôles de Kondengui. Selon Xavier Messe de 2019-2022 l’on a enregistré 34 cas de journalistes torturés, molestés et tués et jusqu’au aujourd’hui aucune enquête n’a aboutie. Enough is Enough.