selon la Commission des Droits de l’homme du Cameroun, 3403 cas de femmes et filles victimes de violences basées sur genre sont portées devant les juridictions de l’Extrême-Nord et du Nord.
pourtant le Cameroun a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes le 23 août 1994, ainsi que le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples relatif aux Droits de la femme ( Protocole de Maputo ) le 12 septembre 2012. En outre dans la Constitution du 18 janvier 1996, le peuple camerounais affirme que « [l]a nation protège et encourage la famille, base naturelle de la société humaine. Elle protège la femme, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées ». En prélude à la 21e édition de la journée internationale pour l’élimination de violence à l’égard des femmes, l’institution créée le 19 juillet 2019 et mise en place le 21 avril 2021 dans une déclaration de 7 pages note que les actes de violence à l’égard des femmes constituent l’une des violations des Droits humains les plus répandues et les plus dévastatrices dans le monde. Ce type de violation demeure cependant l’une des moins signalées en raison de l’impunité, du silence, de la stigmatisation et du sentiment de honte qui l’entoure. Donnés inquiétantes sur les violences à l’égard des femmes et des jeunes filles au Cameroun. Dans la note signée le 24 novembre 2021 par ASUAGBOR née AYUK Lucy de la sous- commission en charge de la prévention et de la torture, La Commission relève qu’au Cameroun en 2018, 54,54 % de femmes ont été victimes d’abus psychologiques, 50,24 % de violences économiques, 24 % des adolescentes ont subi le repassage des seins et 1,4 % ont été victimes de mutilations génitales féminines . L’organe consultatif piloté par James MOUANGUE KOBILA note qu’en 2019, les statistiques collectées auprès de juridictions dans six Régions au Cameroun (Adamaoua, Est, Extrême-Nord, Ouest, Centre et Sud) font état de 224 procès-verbaux d’enquête dressés pour des faits qualifiés de viol, donnant lieu à 163 décisions et 105 condamnations pour 78 victimes enregistrées, tandis que 533 procès-verbaux ont été dressés et 280 personnes condamnées pour 328 victimes de faits d’outrage à la pudeur des personnes mineures de 16 ans.
La Commission note également pour le déplorer qu’entre février et décembre 2020, 4 300 incidents sexuels et violences basées sur le genre ont été enregistrés au Nord-Ouest et au Sud-Ouest et que, de janvier à mars 2021, 500 cas de viol et d’abus sexuels ont été relevés dans lesdites Régions. Par ailleurs la Commission des Droits de l’homme du Cameroun constate avec regret que 39 % de la population camerounaise vivant en deçà du seuil de pauvreté, a augmenté les risques de violences à l’égard des femmes ;
Parmi les cas les plus saillants ayant défrayé la chronique ces derniers temps, l’institution chargée de promouvoir les droits humains au Cameroun regrette particulièrement le décès, le 6 septembre 2021 de Mirabelle Christelle LINGOM, jeune femme âgée de 25 ans, victime de diffamation, de calomnie et de viol à Douala ; la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo contenant des actes de violence envers une certaine Germaine, perpétrés par son compagnon à Douala le 1 er septembre 2021 , la diffusion, en juin 2021, d’images pornographiques de la jeune Malika BAYEMI âgée de 24 ans portant ainsi atteinte à sa dignité et à sa vie privée ; l’assassinat de Christelle Carole, âgée de 35 ans le 20 mai 2021 à Douala ll . le décès, le 14 mai 2021 à Yaoundé, de Claire Charlotte NGONO, après une dispute avec son époux ; le décès, le 9 mars 2021 à Mbouda, de la jeune Lislore NGOUENI, âgée de 23 ans et enceinte, suite aux coups reçus de son mari.
Recommandations pour mettre un terme aux violences à l’égard des femmes. tout en salue les efforts du gouvernement, visant à mettre fin aux violences à l’égard des femmes, notamment la ratification des traités régionaux et internationaux qui protègent les Droits des femmes ;
la promulgation de lois, à l’instar du Code pénal, qui protègent les femmes de la discrimination et d’autres pratiques néfastes (viol, inceste, mutilations génitales, dot excessive, etc.) et criminalise certaines formes de violences et de pratiques discriminatoires perpétrées à l’égard des femmes ;
la révision et l’évaluation en cours de la Stratégie nationale de lutte contre la violence basée sur le genre (2017-2020) ainsi que l’ élaboration d’une nouvelle Stratégie pour la période 2020-2030. L’ organisation chaque année, du 25 novembre au 10 décembre, de 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre et à l’égard des femmes et des filles, en collaboration avec ONU-FEMMES et d’autres partenaires ; la production de 300 programmes radiophoniques en langues locales, en français et en anglais, en collaboration avec les autorités locales, traditionnelles et avec la société civile, afin de lutter contre les violences faites aux femmes et de sensibiliser les populations sur les Droits de l’homme en général et sur les Droits des femmes en particulier.
La Commission recommande au Gouvernement d’accélérer l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre pour la période 2020-2030. Elle recommande fermement que les enquêtes sur les violences à l’égard des femmes, commises par des acteurs étatiques et non étatiques, aboutissent à la condamnation de leurs auteurs à des peines proportionnelles à l’infraction, y compris à l’indemnisation des victimes. En outre la Commission recommande que le gouvernement investisse dans la collecte et la publication de données désagrégées, afin de mieux éclairer les politiques et d’évaluer les mesures déjà prises pour lutter efficacement contre la violence . Le Gouvernement pourrait également soutenir les organisations de la société civile, les universités et d’autres composantes sociales engagées dans la collecte de données. La Commission recommande également que le rôle des hommes et des communautés locales dans la prévention et dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes soit davantage exploré et renforcé et aussi la généralisation et l’augmentation des ressources humaines, financières et matérielles des structures sociales existantes telles que les Call Centers, les espaces de cohésion sociale de la femme et les Gender Desks qui s’occupent des victimes, ainsi que la création d’une unité inter-institutions (guichet unique) pourvue de lignes d’assistance pour fournir des informations, un soutien et des conseils aux victimes / survivantes de la violence.
En fin la Commission recommande une formation sensible au genre pour les acteurs qui répondent à la violence à l’égard des femmes, tels que les agents des forces de l’ordre, les agents de l’immigration, le personnel médical, les travailleurs sociaux, les procureurs et les juges . Les chefs traditionnels sont quant eux appelés à modifier les pratiques coutumières qui soutiennent et tolèrent la violence à l’égard des femmes, telles que les mauvais traitements infligés aux veuves, les mutilations génitales féminines, et d’éliminer les stéréotypes qui légitiment la violence à l’égard des femmes.