21 décembre 2024, 4:47 pm

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Centrafrique: quand les victimes d’agressions sexuelles s’entraident à Paoua

En Centrafrique, les conséquences humanitaires du conflit s’aggravent de jour en jour. À l’insécurité alimentaire s’ajoutent les violences sexuelles perpétrées par les groupes armés. À Paoua, celles-ci sont légion.

C’est une large paillote protégée des regards par une enceinte en taule. Une douzaine de femmes de tous âges sont assises en cercle et prennent la parole à tour de rôle. « Je partais au champ quand deux hommes en armes m’ont attrapée et m’ont violée tous les deux en m’attachant les mains. Après l’incident, j’ai quitté mon village pour aller à l’hôpital, mais je n’ai pas réussi à trouver de moyens de transports alors j’ai marché 50 km à pied pour venir jusqu’à Paoua », raconte l’une d’elles.

Les victimes ont 72 heures pour rejoindre l’hôpital et recevoir les médicaments contre les maladies sexuellement transmissibles, ainsi qu’une pilule du lendemain. Mais avec l’état des routes, la plupart des victimes n’arrivent pas à temps.

« J’ai 15 ans. C’est arrivé quand je partais au champ pour récolter le manioc. Un homme m’a attrapée. Il était armé et portait un foulard sur son visage. Il a abusé de moi dans la brousse et maintenant je suis enceinte de quatre mois. J’ai dû arrêter l’école. Aujourd’hui ma vie est brisée, je ne pourrai plus jamais reprendre les études », témoigne une autre.

Un viol par jour à Paoua

Leurs récits corroborent les statistiques de l’ONG Danish Refugees Council qui gère le centre et recense près d’un viol par jour à Paoua, presque toujours en brousse et par des hommes en armes.

« Il y a deux semaines, j’étais au champ pour cueillir le combo quand des hommes armés sont venus me trouver. Ils m’ont réclamée de l’argent. J’ai répondu que je n’en avais pas. Alors ils m’ont frappée à la poitrine avec la crosse de leurs fusils. Depuis ce jour et jusqu’à aujourd’hui, je crache et je vomis du sang. »

L’assistante psychosociale, aux longues nattes, se nomme Maïmouna Oumaté. Tout en compassion, elle décrit la situation : « Ce sont les femmes qui se retrouvent aux champs, car les hommes ne veulent pas travailler. Dans certains villages, les hommes ne veulent pas aller aux champs parce qu’ils ont peur de croiser des hommes en armes, ils ont peur d’être tués. »

Un peu en retrait, une vieille dame au regard vide, vend des petits fruits amers, à même le sol. Accusée de sorcellerie et abandonnée par sa famille. Chaque soir, elle dort sous la paillote.

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