Les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ont approuvé l’admission de la République démocratique du Congo au sein de l’organisation, lors d’une réunion au sommet. C’est ce qui ressort du communiqué rendu publique le mardi 29 mars 2022 à l’issu du 19e sommet des chefs d’états de la Communauté de l’Afrique de l’Est réuni en vidéo-conférence. La République démocratique du Congo devient ainsi le 7e Etat après le Rwanda et le Burundi en 2007 et le Soudan du Sud en 2016. La RDC qui partage ses frontières avec neuf états dont la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda et le Soudan du Sud est d’un atout incommensurable pour l’EAC.
Adhésion validée
8 Avril 2022, date de signature officielle de l’entrée de la RDC signé dans la communauté d’Afrique de l’Est. Le pays avait demandé à en faire partie en 2019. C’est finalement à Nairobi, au Kenya que Félix Tshisekedi a ratifié l’adhésion de son pays à l’organisation régionale. Une cérémonie officielle qui a eu lieu en présence du chef d’État kényan, Uhuru Kenyatta, président actuel de l’organisation, ainsi que de ses homologues ougandais et rwandais, Yoweri Museveni et Paul Kagame.
L’EAC s’étend désormais de l’océan Indien à l’océan Atlantique, ce qui rend la région compétitive et facilite son accès à la plus grande Zone de libre-échange continentale (ZLEC), qui regroupe plusieurs sous-régions du continent. De par sa position géostratégique, la RDC est au carrefour de toutes les institutions régionales et sous-régionales. Mais pour certains experts, la RDC qui ne produit pas, pourrait devenir le marché économique des pays membres de cette organisation régionale. Fondée en 2000, l’EAC a notamment pour but de faciliter le commerce transfrontalier en supprimant les droits de douane entre ses États membres. Elle a établi un marché commun en 2010.
La plus-value de cette Adhésion
Avec un accès à la côte ouest-africaine, une économie de 90 millions d’habitants et des ressources multiples, la RDC apporte de nouvelles opportunités pour la Communauté d’Afrique de l’Est (CEA). En premier figure l’augmentation de 28 % des exportations. Selon les données disponibles, les membres de l’organisation régionale ont exporté vers la RDC 941 millions de dollars de marchandises en 2019, alors que leurs importations ne représentaient que 5 % de la valeur de ces exportations. Une étude du Centre de recherche sur les politiques économiques, un groupe de réflexion de Kampala, indique que la Communauté d’Afrique de l’Est pourrait gagner 240 millions de dollars supplémentaires par an en volume d’exportation soit une augmentation de 28 % grâce au commerce avec la RDC. Le Rwanda et l’Ouganda en seraient les principaux bénéficiaires.
De plus l’EAC pourrait bénéficier des importations de la RDC qui sont aujourd’hui largement captées par des pays qui n’en sont pas membres, comme la Zambie : « La RDC importe des denrées alimentaires pour 514,2 millions de dollars de Zambie, un pays qui ne présente aucun avantage géographique par rapport aux autres États de l’EAC ». Avec cette adhésion, les Congolais pourront voyager librement dans les autres pays et le commerce deviendra beaucoup plus rapide, plus simple et moins cher, ce qui devrait profiter aux entreprises et aux consommateurs. Cette entrée de la RDC à la CAE, pays francophone, permet à la langue française de devenir ainsi une troisième langue de travail de cette organisation sous-régionale avec l’anglais et le swahili. Cette adhésion symbolise un élargissement très prometteur sur le plan commercial, mais qui représente aussi un défi politique majeur. Une occasion pour les chefs d’État membres de rappeler les ambitions de la communauté : avoir un marché commun et une libre circulation des biens et des personnes, mais aussi encourager la sécurité dans la région.